45 produits à droits de douane nuls dès l'entrée en vigueur de l'accord. Mais, contrairement à l'accord conclu avec l'UE, le secteur des textiles ne bénéficie pas d'une aide à la mise à niveau dans l'accord conclu avec les Etats-Unis. Le secteur du textile et de l'habillement jouait gros dans ces négociations sur une zone de libre-échange Maroc-USA. Responsable au sein de l'AMITH du pôle développement et partenariat international et promotion de l'investissement, Jaouad Hamri a participé à cet ultime round de Washington en compagnie du président de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement. Selon cet industriel, joint hier au téléphone par Aujourd'hui Le Maroc, «l'accord conclu est équilibré». Le secteur pourra en tirer plusieurs avantages, dont «une liste de 45 produits finis, à 0% de droits de douane dès l'entrée en vigueur de l'accord». De plus, une baisse de 35% concernera toutes les exportations marocaines de textiles vers les USA. «Il s'agit là d'un véritable avantage pour le Maroc face à ses concurrents du bassin méditerranéen». Concernant les règles de la triple transformation, problème en suspens avant l'entame du 7e round, il y a eu des évolutions majeures. Si le principe est retenu comme cadre général, les Américains ont fléchi leur position sur les matières premières qui ne sont pas disponibles au Maroc. Cette règle de la triple-transformation qui régit les fils, fibres et tissus, favorise l'investissement en amont sur les intrants qui peuvent être produits localement. L'un des points faibles de cet accord, selon Jaouad Hamri, concerne la règle d'origine. Au départ, les Américains avaient proposé que toutes les matières premières entrant dans la transformation des produits textiles proviennent soit du Maroc, soit des Etats-Unis. Le Maroc avait pu obtenir le principe d'un contingentement partiel, c'est-à-dire la possibilité d'importer une partie des matières entrant dans la production hors de l'axe Maroc-USA. Finalement, la partie américaine a accepté de revoir à la hausse cette quantité, suite à la demande pressante des négociateurs marocains. « C'est tout ce que l'on pouvait espérer», poursuit-il, précisant en outre, que «l'insuffisance de cette quantité accordée pourrait se répercuter sur le secteur temporairement, au début de l'accord, mais que le plus important est tout ce qui se cache derrière, en particulier la baisse des droits de douane et la possibilité d'attirer des investisseurs en amont».Reste maintenant à savoir si, avec la conclusion de cet accord, l'industrie marocaine a les moyens de pénétrer le marché américain. « Nous avons tous les atouts pour cela, poursuit M. Hamri. Les délais d'acheminement vers l'Amérique via l'Europe sont corrects. En comptant sur une ligne régulière avec New York, l'accès au marché américain serait encore plus facile». Et d'ajouter, «Il ne faut pas avoir la prétention de croire que nos concurrents sont les Chinois ou les Asiatiques. C'est d'abord le bassin méditerranéen et les pays comme la Turquie». En tout cas, en vertu de cet accord, l'atout de l'industrie marocaine est considérable, puisque les produits prennent le bateau avec un accès préférentiel et des droits de douane réduits. Par rapport à l'accord conclu avec l'UE, la zone de libre-échange avec l'Amérique exclut toute aide à la mise à niveau pour l'industrie textile. «Le plus important de l'avis de Jaouad Hamri, c'est l'investissement industriel, des participations directes dans les entreprises marocaines». Encore faut-il que les Américains trouvent les raisons valables pour injecter des capitaux au Maroc. Ces raisons sont là selon le représentant de l'Amith dans les négociations tenues à Washington. L'intérêt des Américains tient du fait qu'avec les sanctions réciproques en vigueur avec l'Europe, investir au Maroc pourrait être une solution pour pénétrer dans le marché de l'Union. En un mot, le Maroc pourrait jouer «une plate-forme de production» à l'export pour les deux géants, chacun y trouvant son intérêt. La conclusion de ces accords a été faite dans l'esprit de collaboration et de concertation au sein de l'Amith dont les négociateurs ont pu, c'est le sentiment général qui prévaut, sauver l'essentiel. Reste maintenant à parer au plus pressé : réactivité les programmes de mise à niveau. Le temps est désormais compté.