Le Parti de la justice et du développement (PJD) a enfin officiellement commencé à préparer le gouvernement Benkirane II après la défection de l'Istiqlal. Mais le secrétaire général du parti et chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, n'a pas encore entamé des négociations avec aucun parti pour former une nouvelle majorité y compris avec le parti qu'on dit plus proche de rejoindre le gouvernement. En effet, des sources bien renseignées ont affirmé à ALM que le RNI n'a pour l'instant reçu aucune demande, aucun message par les voies officielles ou autres sur une quelconque proposition pour rejoindre la majorité. Les mêmes sources ont précisé que toutes les informations qui circulent actuellement sur la place publique ne représentent au mieux que de pures rumeurs et spéculation. Qu'attend le chef de gouvernement pour entamer des pourparlers avec les partis de l'opposition, susceptibles de rejoindre son équipe ? Il faut dire que Benkirane vient de recevoir l'aval de son parti pour entamer les négociations. Avant-hier, samedi, un communiqué du PJD a annoncé qu'à la suite de sa réunion le même jour à Rabat, le secrétariat général a chargé le numéro un du parti d'entamer les discussions en vue de former une nouvelle majorité susceptible de poursuivre le programme des réformes et de recentrer les efforts sur les véritables priorités sur la base de la règle de l'harmonie et de la cohésion au sein du gouvernement et dans le respect du facteur temps. Enoncé qui pose questions du fait que l'autorisation d'entamer les discussions implique qu'elles n'ont pas officiellement commencé avec le Rassemblement national des indépendants (RNI), contrairement à ce que colporte la rumeur. Mais pour certains observateurs, si le chef de gouvernement n'a pas encore entamé des discussions, c'est peut-être aussi parce qu'il nourrit toujours l'espoir de trouver un consensus avec l'Istiqlal. D'ailleurs, le communiqué du Secrétariat général du gouvernement a laissé la porte ouverte devant toutes les possibilités. Ainsi, le RNI pourrait d'ailleurs ne pas être le seul à être approché par Abdelilah Benkirane, le document parlant simplement de «discussions dans les délais les plus proches». Cet impératif de temps indique par ailleurs que le PJD a pris en compte les critiques qui lui reprochent de lambiner à un moment où l'évolution des événements économiques, sociaux et politiques exige diligence et efficacité. Le communiqué précise, en outre, qu'à l'issue des contacts du secrétaire général en vue de reconstituer la majorité, celui-ci doit en informer le conseil national qui arrêtera alors la marche à suivre. En fait, le texte dit que le secrétariat délègue au secrétaire général le droit de convoquer une réunion du conseil national qui devra décider des options à suivre sur la base des résultats obtenus. Formule qui, selon un certain nombre de commentateurs, n'exclut pas le recours à des élections anticipées en cas d'échec. En attendant de voir la tournure que pourront prendre les événements dans les prochains jours, le PJD travaille à consolider son alliance avec le Mouvement populaire et le PPS (Parti du progrès et du socialisme). Car suivant les termes du communiqué du secrétariat général du parti de la lampe, la cohésion gouvernementale tient vaille que vaille et le départ de l'Istiqlal n'a manifestement pas suscité d'ambitions additionnelles qui mettent en péril l'équilibre global de l'édifice commun. Contrairement aux informations qui ont fait état de nouveaux tiraillements au sein de la majorité, le document loue en effet le comportement «sage et pondéré» des autres chefs des partis au gouvernement. Cependant, les prochaines semaines diront si la majorité actuelle est suffisamment soudée surtout que les trois partis restants seront amenés fort probablement à faire des sacrifices puisque les pronostics parlent d'un gouvernement Benkirane II fortement dégarni avec plusieurs ministères en moins. Ce fut d'ailleurs l'une des revendications de l'Istiqlal dont les six ministres démissionnaires ont reçu les éloges du secrétariat général du PJD. Son communiqué a salué la qualité et la constance de leurs engagements sans oublier tout de même dans le même document de tenir le parti de l'Istiqlal pour responsable de la rupture. Par : Ahmad Salaheddine et Mohamed Badrane