Le gouvernement Benkirane n'est pas au bout de ses peines, les syndicats sont mécontents. Alors que le parti de l'Istiqlal vire à l'opposition et l'UGTM, son bras syndical, est décidé à mener la vie dure à Benkirane, voilà que l'Union marocaine du travail monte au créneau. Ce lundi 8 juillet, à l'occasion de la réunion de son comité administratif, cette centrale syndicale a annoncé la couleur de la rentrée syndicale: «Nous nous opposerons face à ce gouvernement contre toute mesure portant atteinte aux acquis de la classe ouvrière», indiquent les responsables dans un communiqué. Le ton menaçant de l'UMT n'est pas sans raison. Le syndicat craint, en effet, des mesures de libération des prix des matières subventionnées, ainsi que toute mesure liée à la réforme de la Caisse de compensation, de la réforme fiscale, de la réforme de la caisse des retraites, ou la réforme du statut de la fonction publique. Dans son communiqué, la centrale dirigée par Miloudi Moukharek fait porter au gouvernement la responsabilité de la détérioration de la situation économique et sociale de la classe ouvrière et pointe du doigt la réduction des budgets sociaux et sa soumission aux consignes des institutions financières. L'UMT tient également le gouvernement pour responsable dans les violations aux libertés et droits syndicaux. Il fustige également les tentatives du gouvernement d'adopter des mesures incriminant le droit de grève et entravant l'action syndicale. Dans ce sens, le syndicat s'est félicité du succès de sa campagne nationale contre l'article 288 du code pénal incriminant le travail syndical. «Une campagne couronnée par la réception d'une lettre officielle du CNDH soutenant notre position en faveur de l'abrogation de cet article», souligne l'UMT dans son document. La centrale syndicale a aussi eu dans sa ligne de mire le dialogue social, déplorant ses résultats et le manque d'engagement du gouvernement. Et à ce niveau, d'autres syndicats partagent la même position et ne manquent pas de manifester leur insatisfaction. En effet, mardi 9 juillet à la deuxième Chambre, le groupe parlementaire de la FDT a tiré la sonnette d'alarme quant à l'absence d'un dialogue social. «Depuis l'investiture du gouvernement, la situation sociale n'a cessé de se compliquer et les conflits collectifs de travail de se multiplier», a déclaré dans une mise au point le conseiller Abderahim Remah au nom du groupe fédéral. Selon lui cette situation est principalement due à l'absence de dialogue et de négociation entre le gouvernement et les syndicats et au non-respect de l'agenda prévoyant deux réunions annuelles, ainsi qu'à l'absence de dialogue sectoriel au niveau des différents départements, établissements publics et collectivités locales.