ALM : Dans quel contexte intervient la décision du comité exécutif de l'Istiqlal de présenter la démission de ses ministres ? Mohamed Zineddine : La décision du comité exécutif de l'Istiqlal vient en application de la décision du conseil national de l'istiqlal de se retirer du gouvernement et prise il y a plus d'un mois. Cette décision fait suite à plusieurs critiques et signaux d'alerte envoyés par l'Istiqlal au chef de gouvernement, notamment deux mémorandums. La cohabitation entre les deux formations politiques est devenue invivable, les tensions et les attaques médiatiques ont été d'une extrême violence. Jamais la scène politique marocaine n'a connu pareil climat, et ce même à l'époque des motions de censure des gouvernements Bahnini 1963 et Amrani 1990. Ainsi dans un tel contexte, le retrait de l'Istiqlal est devenu plus qu'obligatoire. Qu'en est-il des scénarios après le retrait de l'Istiqlal du gouvernement ? La marge de manœuvre du PJD est devenue très étroite. Il n'y a que trois éventualités. La première, et elle me semble la plus improbable, est que le PJD poursuive son action avec un gouvernement minoritaire semblable à celui du dernier gouvernement Abbas El Fassi lorsque le PAM s'était retiré. Un tel scénario est difficilement tenable politiquement au vu de la situation que vit le monde arabe ces temps-ci. Le deuxième scénario est celui des élections anticipées. C'est possible constitutionnellement mais cela a un coût politique important. Des élections anticipées feront perdre beaucoup de temps au pays et aux Marocains, alors que ce dont on a besoin ce sont des décisions et des actions concrètes. Aussi le mode de scrutin, le découpage électoral et la carte partisane au Maroc ne permettent à aucun parti de disposer d'une majorité absolue. Dans une telle situation, des élections anticipées reproduiront les mêmes résultats et le parti du PJD sera obligé de revenir à la case départ et chercher des alliés. Le PJD n'aurait-il d'autre choix que de trouver dès maintenant des alliés ? La dernière issue pour le PJD est de trouver des remplaçants du PI. S'allier avec le PAM constitue une ligne rouge pour le PJD. L'USFP refuse aussi de s'allier avec le PJD, il préfère se refaire une santé et se préparer à de potentielles élections. Il reste la coalition avec le RNI qui assurera la majorité au PJD ou encore une coalition avec l'UC à laquelle il faudrait 4 autres sièges pour avoir une majorité. Mais là aussi, les choses ne sont pas si simples étant que l'UC et le RNI prendront en considération l'expérience ratée du PI avec le PJD et voudront eux aussi imposer leurs conditions, ceci sans parler de leurs références idéologiques complètement aux antipodes de celles du PJD.