Le gendarme de la Bourse s'interroge sur la pertinence d'un marché à terme marocain des matières premières. En effet, le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) souligne dans sa récente étude consacrée aux marchés des matières premières qu'à l'instar de plusieurs success stories dans différents pays, le Maroc pourrait y gagner en sécurisation des échanges entre opérateurs et renforcement de la transparence des prix. L'étude souligne également que la création des marchés organisés a pour but de supprimer les inconvénients liés à la prise de position sur les marchés de gré à gré et d'introduire des possibilités de couvertures par rapport à la volatilité des sous-jacents. À ce titre, les marchés organisés permettent de réduire le risque de liquidité, le risque de contrepartie et le manque de souplesse. Ils sont principalement utilisés pour la découverte des prix et la gestion des risques. En ce sens, ils constituent des instruments financiers, rarement utilisés pour le transfert réel du sous-jacent. En gros, les avantages que le Maroc pourrait tirer de la création d'un marché des matières premières seraient la découverte des prix, la gestion du risque de prix, l'encouragement de l'investissement, la facilitation des opérations sur le marché physique, l'amélioration du financement et le développement du marché. Aussi, dans son étude, le Conseil conclut que quelle que soit la démarche de mise en place d'un marché de matières premières au Maroc, elle devra au préalable être conditionnée par plusieurs facteurs clés de succès. Pour le CDVM, le marché doit tout d'abord avoir pour premier objectif d'être au service des transactions réelles du marché physique. Les importateurs, exportateurs, négociants, industriels ou autres doivent avoir la garantie de pouvoir relier leur transaction physique avec le marché dit «papier» des matières premières en toute sécurité. Ensuite, il doit servir le besoin de couverture. Il est donc essentiel que les prix affichés sur le marché boursier reflètent au plus près les prix appliqués sur le marché physique. De nombreux pays ont finalement soldé leur tentative de création d'un marché à terme des matières premières par un échec, à cause de la forte décorrélation qui existait entre les prix boursiers et les prix physiques. Par la suite, la question à se poser est : Le marché doit-il ou pourra-t-il être accessible aux spéculateurs ? La spéculation est souvent pointée du doigt, à juste titre parfois, car elle peut engendrer des mouvements excessifs sur les prix, pénalisant par conséquent des investisseurs à longs termes et les industriels. Néanmoins, il faut reconnaître que la spéculation apporte aussi de la liquidité, qui est essentielle pour la pérennité d'un marché. Elle est souvent considérée comme «un mal nécessaire» pour la réussite d'un marché boursier (actions, matières premières, taux, ...). Enfin, le CDVM préconise de s'assurer que la régulation des secteurs économiques relatifs aux matières premières, objet de ce marché, ne présente pas d'obstacles ou de restrictions sur le recours à la Bourse pour réaliser des transactions sur les matières premières.