«Les ministres du parti réfléchissent aujourd'hui à ce qu'ils vont faire après le départ du gouvernement». Les propos émanent d'un haut responsable au sein de l'Istiqlal ajoutant que certains pensent à ouvrir des bureaux d'étude. Si les six ministres istiqlaliens se posent ce genre de questions, c'est que leurs jours sont probablement comptés au gouvernement. Sans fixer une date précise, les dirigeants du parti de l'Istiqlal (PI) laissent entendre que la démission de leurs ministres n'est plus qu'une question de temps. «L'Istiqlal donne au gouvernement un délai supplémentaire pour former une nouvelle majorité gouvernementale, après quoi le parti utilisera les mécanismes prévus par la Constitution afin de se retirer du gouvernement et de la majorité», explique Adil Benhamza, porte-parole du PI. Et de poursuivre : «Nous offrons ce délai supplémentaire juste parce que nous voulons éviter de provoquer au pays une crise». La décision de l'Istiqlal de quitter le gouvernement paraît ainsi irrévocable et le scénario d'un remaniement éloigné. Cela est d'autant plus vrai que la guerre des déclarations et contre-déclarations se poursuit entre les responsables du PJD (Parti de la justice et du développement) et ceux de l'Istiqlal. Lundi, le PI organisait une journée d'étude sur l'application de la nouvelle Constitution deux ans après son adoption. En gros, les Istiqlaliens accusent le gouvernement mené par le PJD de retarder la mise en œuvre de la Constitution. «Une instance de l'Union européenne vient pour la première fois d'attirer l'attention sur le retard accusé dans la mise en œuvre de la Constitution ce qui risque de nuire considérablement à l'image de notre pays à l'étranger. Nous constatons que le gouvernement persiste à retarder l'élaboration et l'adoption des lois organiques prévues par la Constitution», déclare Benhamza qui ne manque pas de critiquer ouvertement le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane. «Nous avons également relevé chez le chef de l'Exécutif une difficulté à profiter de toutes les prérogatives larges et inédites offertes par la Constitution», conclut-il. De son côté, le PJD n'a pas encore réagi officiellement par rapport au délai supplémentaire donné par le PI afin de former une nouvelle majorité. Il faut dire que la marge de manœuvre du parti de la lampe paraît limitée. Pour remplacer un allié de la taille et du poids de l'Istiqlal, le PJD n'a pas d'autres choix que de faire appel au RNI (Rassemblement national des indépendants) ou au PAM (Parti authenticité et modernité). Seul bémol, des responsables des deux formations politiques avaient déjà déclaré qu'une adhésion à la majorité conduite par le parti de la lampe n'est pas à l'ordre du jour. De même, les relations entre ces partis et le PJD ont été le plus souvent très tumultueuses. Les prochains jours risquent en tout cas d'être déterminants. Les Pjdistes ont convoqué une réunion de leur conseil national qui devra se prononcer sur l'avenir du parti au sein de la majorité.