Festival Gnawa, Mawazine, Musiques sacrées, Timitar : d'un côté le Maroc qui affiche sa diversité, fier de tous ses affluents et qui grâce à de multiples festivals montre ses talents pluriels, ses origines diverses, ses racines, ses ramifications et son ouverture au monde... C'est le Maroc de la tolérance, le Maroc pluriel, le Maroc que l'on aime... mais de l'autre côté est une face sombre, celle qui vise de nous enfermer dans un repli suicidaire, celle qui n' hésite pas à brandir le racisme et à vouloir en faire une opinion. Cette face que nous refusons de toutes nos forces, cette face xénophobe, raciste, antisémite a été illustrée à la Faculté de lettres et des sciences d'Oujda il y a quelques jours, par une professeure ou qui ose se prétendre tel, en ayant l'impudeur de donner un devoir écrit, à ses élèves, formulé de cette façon : «Répondre aux deux questions suivantes : 1) Comment l'histoire des Juifs démontre-t-elle leur haine envers les autres peuples ? 2) Comment justifieriez-vous le fait que l'immoralité et la mauvaise conduite dans le Judaïsme sont essentiellement dues à un vide spirituel ?» Indigne ! J'imagine le tollé qu'aurait provoqué une telle chose ailleurs! Et bien il nous revient à nous marocains, héritiers de cette culture de la tolérance, du brassage, dont dorénavant la diversité est inscrite dans le préambule de notre Constitution, de nous lever et de dire «NON!», de dire qu'il est inadmissible, indigne de proférer de telles ignominies, que ce n'est pas nous, que ce n'est pas ce que nous voulons voir enseigné à nos enfants. Le rejet de l'Autre, la haine, la xénophobie, le racisme (tous les racismes) sont des délits qui doivent être punis comme tels, ce professeur ne peut continuer à exercer ce métier qui est de transmettre des valeurs à notre jeunesse ! J'étais au Festival Gnawa qui est, de par les valeurs qu'il porte, un antidote à ce fléau qu'est le racisme, justement y était organisé un colloque sur «Sociétés en mouvement, jeunesses du monde» et cette affaire d'Oujda y a provoqué des réactions virulentes et indignées. La plus belle est venue de Mohamed Abdi, marocain de France, engagé, originaire d'Oujda et qui – visiblement ému -a dénoncé ces propos xénophobes comme une honte pour notre pays, il nous a appelé à ne pas laisser passer une telle indignité, provoquant de réconfortants applaudissements. Cette intervention faite devant un parterre de militants chevronnés de la diversité tels André Azoulay, Driss El Yazami (qui a annoncé qu'une enquête était déclenchée par le CNDH), Hind Taarji, Monique El Grichi, Mohamed Tozy...a fait mouche ! Nos compatriotes juifs ont été à juste titre mortifiés par une telle infamie, ils ne peuvent, ils ne doivent pas être les seuls, c'est nous tous, c'est le Maroc tout entier qui est ici insulté ! Réagissons ! C'est ce que vont faire les jeunes de MPj (Marocains Pluriels juniors) le vendredi 28 juin en lançant leur initiative «Street cinéma» où ils projetteront le film «Train d'enfer» suivi d un débat sur le racisme. Rendez-vous donc au cinéma ABC de Casablanca à 18h30, l'entrée est gratuite, pour dire non à cette gangrène qu'est le racisme et qui n'a pas droit de cité en notre pays !