Les différentes composantes de la société civile marocaine continuent de se mobiliser dans un grand élan de solidarité. S'il faut noter une chose à cet égard, c'est bien un hommage envers les ONG marocaines toutes tendances confondues. Il ne s'agit pas de chauvinisme gratuit. Les ONG internationales sont expérimentées et bien structurées, d'où l'efficacité de leur apport en cas de sinistre. Mais en ce qui concerne les ONG marocaines, dont la présence n'a été vraiment effective que depuis la fin du vingtième siècle, la catastrophe d'Al Hoceïma constitue une sérieuse épreuve, quant au savoir-faire et aux possibilités de mobilisation. Venir en aide aux sinistrés et leur apporté assistance et le soutien nécessaires suite au violent séisme qui a frappé la ville d'Al Hoceïma et sa région ne fut pas une sinécure. Il a fallu la mobilisation de l'armée, de la protection civile, de différents départements gouvernementaux etc. Le devoir a fait appel. Mais pour les volontaires, que ce soit les pédiatres, les psychiatres et les psychologues, les vétérinaires, les commerçants, et les donneurs de sang, l'action est extrêmement louable. Tous les Marocains avaient sur leurs cœurs la ville sinistrée depuis la première secousse tellurique. Ainsi, une aide de 34 tonnes de vivres a été envoyée dimanche de Guelmim à destination d'Al Hoceïma où elle doit être distribuée sur les victimes du séisme. De même, un convoi de plusieurs camions chargés de 130 tonnes de denrées alimentaires, de tentes et de couvertures a quitté, le week-end, la ville de Kénitra. Plusieurs ONG locales, associations d'hommes d'affaires et des bienfaiteurs ont participé à la collecte de cette aide, en coordination avec la wilaya de la région du Gharb-Cherarda-Béni Hssen et la préfecture de Kénitra. L'Association interprofessionnelle des minoteries industrielles de la région nord-ouest, avait réservé 1381 sacs de 25 kg chacun en farine de luxe au profit des victimes du séisme. La wilaya de Tétouan a envoyé vendredi plus de 17 tonnes de denrées alimentaires, tentes et vêtements, d'une valeur de plus 12 millions de DH, collectés en collaboration avec les opérateurs économiques et sociaux et les bienfaiteurs de la ville. Des unités industrielles et des compagnies de transfert maritimes opérant à Tanger ont acheminé une grande quantité de vivres, de tentes, de médicaments et de vêtements, d'une valeur de plus de 50 millions de DH. Par ailleurs, et en guise de solidarité avec la population d'Al Hoceïma, la Fédération démocratique des droits de la femme a décidé d'annuler son festival national, qui devait avoir lieu le 14 mars, à l'occasion de la Journée mondiale de la femme. D'autre part, l'élan de solidarité se poursuit toujours par l'initiative des commerçants et des membres de la société civile de Nador et de la ville de Melilla occupée, se sont mobilisés pour aider les victimes du tremblement de terre. Des centaines de camions transportant des vivres, des tentes, des couvertures destinées aux habitants sinistrés ont jusqu'à dimanche quitté la ville de Nador et la ville de Melilla occupée à destination d'Al Hoceïma et sa région. Des collectifs d'associations se sont constitués à Al Hoceïma même. Des campagnes de don du sang ont été organisées à Rabat, par le réseau associatif « Maillage-Maroc », et jusqu'à Laâyoune, au sud du Maroc, par le Centre de transfusion sanguine. Quant aux dérapages et aux dysfonctionnements qui ont marqué les opérations d'aide, et qui ont provoqué la colère des habitants avant l'arrivée de SM le Roi sur les lieux, ils ne vont pas passer sous silence. A l'exemple de ce responsable local du Croissant-Rouge marocain (CRM) qui a été arrêté pour avoir tenté de faire rentrer chez lui un camion rempli de couvertures destinées aux sinistrés du séisme. L'Administration centrale du CRM à Rabat a d'ailleurs indiqué lundi que des informations lui sont parvenues sur une mauvaise gestion de certains produits d'aide, destinés aux sinistrés. Elle mène à ce sujet une enquête interne et annoncera ses résultats dès que l'enquête sera achevée. Par ailleurs, dans la commune de Tifaouine, un élu local a été arrêté. Accusé par les citoyens d'utilisation à des fins personnelles de l'aide destinée aux sinistrés, il s'est emparé lundi d'un fusil dans son véhicule et a tiré un coup de feu dans l'air. Un très bon présage pour la maturité des ONG nationales.