Un coup dur pour le chef de gouvernement. Les diplômés chômeurs signataires du procès-verbal du 20 juillet 2011 avec Abbas El Fassi ont fini par obtenir gain de cause. Le tribunal administratif de Rabat a tranché jeudi 23 mai. Il a appelé le gouvernement à intégrer les signataires du PV du 20 juillet 2011 dans la fonction publique, et à les dédommager financièrement et administrativement en prenant en compte la date de signature. C'est ce qu'ont indiqué à ALM plusieurs membres des coordinations des diplômés chômeurs concernées. «Abdelilah Benkirane nous avait défié de recourir à la justice, nous promettant qu'il n'appliquerait le PV que si le tribunal plaide en notre faveur. Aujourd'hui, le chef de gouvernement n'a plus aucun prétexte pour ne pas respecter des engagements pris par l'Etat», a souligné Jamal Guilloul, l'un des signataires du PV. Et d'ajouter: «Couronnant deux années d'attente et de protestations, ce jugement vient mettre fin à une injustice et à de l'élitisme: Le chef de gouvernement a toujours affiché en public son refus de nous recruter, alors que dans les coulisses, il intégrait directement dans la fonction publique plusieurs étudiants émanant des provinces du Sud». Pour rappel, le procès-verbal du 20 juillet 2011 a été signé par le gouvernement de Abbas El Fassi avec les coordinations des diplômés au chômage. Le précédent gouvernement s'est engagé en vertu de cet accord à recruter dans la fonction publique directement et sans concours les signataires du PV, comptant plus de 3.500 membres. Mais avec l'arrivée du gouvernement islamiste, Abdelilah Benkirane refusera catégoriquement d'appliquer le PV arguant que ses dispositions sont «anticonstitutionnelles et non conformes au statut de la fonction publique». «Les dispositions du PV violent le principe de l'égalité des citoyens pour occuper des postes dans la fonction publique. Le recrutement dans la fonction publique sera effectué sur la base de la méritocratie, conformément à l'article 31 de la Constitution», avait souligné le chef de l'Exécutif, en mai 2012 lors de la session mensuelle consacrée à la politique générale. Propos qui n'avaient pas du tout plu aux diplômés chômeurs. En réaction, ces derniers avaient à plusieurs reprises haussé le ton et laissé gronder leur colère dans la capitale, en organisant plusieurs sit-in, marches et grèves de la faim, ou encore en occupant des ministères. Les comités de coordination des diplômés chômeurs signataire du PV du 20 juillet 2011 avaient même adressé une lettre à Idriss Yazami, président du Conseil national des droits de l'Homme, et exprimé leur demande de voir intervenir SM le Roi Mohammed VI.n