Quand il est question d'héritage, les Marocains sont hostiles au partage équitable entre les deux sexes. C'est ce que révèle une étude du think tank américain Pew Research Center récemment publiée. Cette enquête indique que seulement 15% des Marocains acceptent le partage à égalité. S'il en va de même pour les Tunisiens, les Egyptiens se démarquent en adoptant une attitude plus indulgente. En effet, 26% d'entre eux sont pour l'équité en matière d'héritage. A noter que cette étude qui éclaire sur la perception que les musulmans se font de leur propre religion a été réalisée de 2008 à 2012 auprès de 38.000 personnes appartenant à 39 pays musulmans. L'étude souligne que 92% des Marocains estiment que la femme doit obéir à son mari. En matière de divorce, 73% des Marocains et 81% des Tunisiens pensent que la femme a le droit de demander le divorce alors que seulement 22% des Egyptiens adhèrent à cette idée. Autre constat : la plupart des musulmans estiment qu'une femme doit pouvoir décider toute seule de porter ou non le voile. Selon l'étude, 85% des Marocains déclarent que le port du voile doit être le libre choix de la femme. Un avis d'ailleurs partagé par les Tunisiens (89%). En revanche, les Egyptiens sont mitigés sur la question, moins de la moitié des personnes questionnées pensent que le voile est obligatoire (46%). Quant à la charia, l'étude précise que 83% des Marocains sont pour son application. A ce sujet, l'étude ne manque pas d'indiquer que la plupart des musulmans croient que la charia est une révélation divine plutôt qu'un système normatif développé par les hommes, sur la base de la parole de Dieu. C'est en Afrique du Nord et au Moyen-Orient que cette croyance est la plus grande. Au Maroc, comme en Tunisie, près de 7 personnes sur 10 (66%) et 8 personnes sur 10 en Egypte (75 %) comprennent la charia comme une révélation divine. A la question de savoir si la charia devrait être ou non sujette à des interprétations multiples, les opinions diffèrent largement. Si pour un grand nombre de musulmans, il n'y a qu'une seule vraie interprétation, 60 % des Marocains et 72% des Tunisiens estiment que cette loi islamique ne devrait pas être appliquée à la lettre. Parmi les musulmans qui prônent la charia comme loi universelle, la plupart ne croient pas qu'elle devrait être appliquée aux non-musulmans. Cette croyance est plus répandue au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Ce sont les Egyptiens (74%) qui sont les plus grands défenseurs de cette croyance alors que près de 3 Marocains sur 10 (29%) pensent que la charia devrait s'appliquer aux musulmans et non musulmans.