Jorf Lasfar a abrité jeudi une expérience pilote de diversification des sources d'approvisionnement en ferraille. Entreprise par Sonasid, cette action consistait dans le démantèlement d'un navire industriel de 150 mètres de long pour récupérer l'acier qui le compose. Le choix s'est porté sur le Remora, un bateau frigorifique immobilisé au port de Dakhla en 2008 par les autorités sanitaires en raison d'une défaillance de réfrigération et qui a été racheté aux enchères par Sonasid en 2012. «Sonasid démontre à travers cette opération sa volonté de développer une réflexion de rupture dans la gestion stratégique et opérationnelle de ses unités. Depuis le démarrage de l'aciérie, Sonasid a ainsi organisé la gestion de ses co-produits de manière à minimiser l'impact de son activité sur l'environnement et maximiser les profits de cette activité», indiquent, à cette occasion, les initiateurs de cette opération au sein de Sonasid. Et de poursuivre que «la commercialisation de la scorie noire, résidu du four électrique, est ainsi valorisée comme matière de substitution aux granulats utilisés dans la construction de route». Trois mois d'effort ont été suffisants pour démonter le Remora. Trente personnes ont été mobilisées à temps plein pour découper le navire par blocs de 15 tonnes. «Ces blocs d'acier ont été directement acheminés au site de Sonasid à Jorf Lasfar pour les redimensionner par oxycoupage puis transportés dans le parc à ferraille et introduits dans le four de l'aciérie pour fusion. Près de 1.700 tonnes de ferraille de bonne qualité ont pu être recyclées pour produire son équivalent en acier liquide», apprend-on. Cette opération qui est actuellement une tradition en Hollande, en Belgique, en Turquie et en Chine, englobe en elle divers enjeux économiques et environnementaux. Les responsables de Sonasid citent dans ce sens les attentes de différents points portuaires en vue de se débarrasser des bateaux saisis ou mis hors activités. Le démantèlement peut ainsi représenter une source alternative de ferrailles à coûts optimisés. «Un approvisionnement sur le marché local qui permet de réduire la sortie de devises du pays», indiquent-ils. De même, l'acier récupéré des épaves de bateaux est directement réintroduit dans le cycle de production, contribuant dans ce sens à nettoyer les côtes marocaines, sécuriser la navigation maritime et protéger l'environnement marin. Pour rappel, la demande en ferraille a fortement augmenté au moment où le marché local ne permet pas de satisfaire la demande. Le marché national est doté de trois ferrailles, à savoir la légère, les chutes internes recyclées issues de la production et la chute neuve issue du travail de l'acier. Pour assurer un meilleur rendement, la ferraille locale nécessite une préparation. Un objectif sur lequel s'est attelé Sonasid en mobilisant un investissement de 125 millions de dirhams pour une capacité nominale de 300.000 tonnes par an et un débit de broyage de 80 à 100 tonnes par heure.