ALM : Vous êtes originaire de la Turquie et macédonien de naissance. Comment ce brassage culturel a pu faire de vous un artiste de renommée internationale ? Mesut Kurtis : Le brassage culturel est une véritable richesse. J'ai découvert depuis mon enfance différentes cultures. Cette ouverture s'est davantage renforcée lors de mon passage à Londres où j'ai étudié les sciences islamiques. Ce parcours académique m'était bénéfique dans la mesure où j'ai rencontré des gens de différents horizons. Une diversité qui m'a ouvert les yeux sur des points importants relatifs à notre religion qui est l'Islam et à travers laquelle j'ai construit ma personnalité d'artiste engagé en faveur de ma religion, une voie qui jusque-là n'est pas franchie par tout le monde.
Quelles sont les difficultés qui entravent l'expansion du chant islamique? Le principal obstacle est la production. Il m'était difficile à mes débuts de trouver une maison de production qui puisse me prendre en charge et financer la promotion de mes chansons. Perfectionniste de nature, il m'était impossible de lancer un tube qui ne répond pas aux normes musicales internationales. Mon ambition primaire est de mettre sur le marché musical des chants islamiques modernes capables d'interpeller les auditeurs. Je veux que le chant islamique s' affiche sur la scène en tant que ligne musicale nouvelle et qu'il soit accueilli par tout le monde. Or, le problème de la production persiste toujours. Seule la Malaisie a pu relever ce défi vu la nature du produit musical qui est adaptée au vécu et aux goûts de la population malaisienne. J'ai également entendu dire que le Maroc est une scène prometteuse pour le chant islamique. Donc, il faut l'explorer incessamment comptant, dans ce sens, sur la collaboration d'autres artistes qui partagent la même vision du chant islamique. Le concert que Maher Zein et moi avons donné à Casablanca fut un passage inévitable pour nous. Ce spectacle est pour nous une passerelle et une prise de contact avec le public marocain. En ce qui concerne le choix des paroles, puisez-vous dans le patrimoine ou bien préférez-vous les nouveaux textes ? Certes, j'ai chanté pas mal de titres dont les paroles sont nouvelles, comme j'ai revisité quelques textes Soufis, en gardant l'authenticité des poèmes et en se basant principalement sur un nouvel arrangement musical. En ce qui me concerne, j'opte pour la recherche et l'histoire. Notre patrimoine musulman est riche en poésie sublime d'où la nécessité de puiser davantage dans nos archives et partager avec cette nouvelle génération les belles créations des auteurs soufis tels que Al Hallaj, Roumi et autres. C'est un véritable art à ne pas négliger. Qu'en est-il du patrimoine marocain en l'occurrence le Malhoun et la musique andalouse ? J'ai des amis artistes d'origine marocaine qui me suggèrent de temps à autre des titres. L'idée est là. Je suis, actuellement, en quête d'une chanson qui pourra me promouvoir auprès du public marocain et maghrébin. La relève du chant islamique est-elle assurée ? Nous travaillons sur cela et nous encourageons dans ce sens les nouveaux talents. Nous avons lancé récemment une compétition qui permettra de révéler de nouvelles voix spécialisées dans le chant islamique. Le concours prendra fin le 13 mai. D'ici là, toute personne intéressée par ce créneau n'a qu'a envoyé sa candidature par vidéo sur le site «Awakening talent contest». Nous avons un jury de 4 artistes dont Maher Zein pour évaluer les voix. Le vote est également ouvert pour toutes les personnes qui visitent le site. Le gagnant sera accompagné pour le lancement de son premier album allant de la préparation à la post production.