Le film-documentaire «Tinghir-Jérusalem» de Kamal Hachkar continue de créer la polémique. Un sit-in de protestation a eu lieu, lundi 5 février, lors de la projection de ce film au cinéma Roxy, et ce dans le cadre du 14ème Festival national du film à Tanger. Comme prévu, ce sit-in a connu la participation des représentants de plusieurs associations de la société civile et des partis politiques. Les contestataires, qui avaient appelé auparavant à l'annulation de ce film de la programmation du festival, dénonçaient la normalisation des relations avec Israël, telle qu'elle a été, selon eux, prônée par le film. «Je ne comprends pas la polémique suscitée par «Tinghir-Jérusalem». Mais je respecte le droit de chacun d'aimer un film ou pas», a déclaré à ALM Kamal Hachkar. Selon le réalisateur, «Tinghir-Jérusalem» est le récit d'un exil, «Tinghir-Jérusalem, les échos du Mellah» suit le destin de la communauté juive ayant quitté, pendant les années 50-60, le village berbère. Ce film permet au public de voyager à la croisée des cultures et fait résonner les chants, les voix et les histoires de cette double identité partagée entre juifs et musulmans. Notons que ce film de 86 minutes présente aussi une série d'anciennes photos des juifs de Tinghir, qui vivaient, selon d'anciens habitants, en harmonie avec les musulmans. Le cimetière juif, des commerces, le Mellah, la synagogue, d'anciennes maisons vides menaçant ruine,... témoignent aussi de la présence de familles juives à Tinghir. Celles-ci ont vécu au Maroc pendant plus de deux mille ans. «Je pense qu'on ne peut pas effacer plus de deux mille ans d'histoire commune», martèle Kamal Hachkar. Il est à souligner que la majorité de ces juifs a quitté, dans les années 60, Tinghir vers Israël. Le réalisateur est allé les rencontrer pour recueillir leurs témoignages. Certains d'entre eux se disent n'avoir pas compris jusqu'à maintenant la raison de leur départ. «Comme s'ils ont été arrachés à leur terre natale», dit Hachkar. Ces juifs d'origine de Tinghir regrettent toutes les relations qu'ils avaient avec les musulmans. «Ils sont toujours attachés à leurs terres marocaines et parlent encore en berbère et en dialecte marocain», souligne le réalisateur. Natif de Tinghir, Kamal Hachkar a quitté sa ville natale avec sa mère, quand il était encore bébé pour rejoindre son père, qui travaillait en France. Vivant et travaillant en France, il se dit se sentir, comme la plupart de ces juifs d'origine marocaine, très lié à sa terre d'origine. «La seule différence, c'est que moi j'habite chez moi pendant mon séjour à Tinghir. Alors que ce n'est pas le cas pour eux», conclut-il.