Mohand Laenser s'est refusé, vendredi, à considérer que l'absence de l'Algérie de la réunion quadripartite des ministres de l'intérieur du Maroc, d'Espagne, du Portugal et du Maroc sur les questions du terrorisme, de la drogue et de la migration clandestine, qui s'est tenue le jour même, s'explique, comme l'ont laissé entendre des organes de presse, par le fait que ce pays a voulu se démarquer du projet. Répondant à une demande d'éclaircissements d'Aujourd'hui Le Maroc sur ce point, il a déclaré: «Je saisis cette occasion pour clarifier définitivement les choses : la réunion d'aujourd'hui a été décidée depuis des mois et, comme le mentionne la déclaration commune adoptée à la fin des travaux, ces derniers n'ont pas porté sur le seul volet du terrorisme». De fait, le document adopté par les quatre ministres et qu'ils ont intitulé la «Déclaration de Rabat» ne cite la lutte contre le terrorisme qu'en 3ème position de leurs préoccupations. Leur priorité a été ces flux migratoires contre lesquels ils ont appelé à engager la coopération la plus étroite au niveau des services de sécurité et du renseignement. Il leur est apparu en effet que «la migration irrégulière, le trafic de migrants et la traite des êtres humains (…) sont à l'origine de flux croissants qui imposent de concentrer la coopération sur la gestion et le contrôle des frontières et la formation des agents qui en sont chargés, ainsi que sur l'échange des informations sur les documents de voyage de ces migrants irréguliers». De la lutte contre le trafic des stupéfiants, le document dit que c'est une priorité pour les quatre pays car, outre que la drogue est un fléau pour leur jeunesse, elle représente un grand danger du fait des profits considérables qu'elle génère et qui sont utilisés pour financer des activités criminelles. Saluant les efforts et les importants moyens qui ont permis au Maroc de réduire de 65% les cultures de cannabis depuis 2003, les signataires de la déclaration ont dit leur volonté de lutter plus efficacement contre le phénomène, «notamment à travers les programmes de développement alternatif dans les zones concernées». Les quatre ont également dit leur volonté de frapper les trafiquants «là où cela fait le plus mal : à la poche», suivant le mot de Manuel Vals, le ministre français de l'intérieur. Le document appelle donc à systématiser l'approche économique et le suivi des opérations financières liées au trafic des stupéfiants ou à la criminalité organisée. Des propositions qui annoncent une autre priorité : le terrorisme. «Une des plus grandes menaces» ont considéré les quatre pays, et dont l'éradication exige l'échange d'informations opérationnelles. De surcroît un sujet qui a donné lieu à cet appel susceptible de plus impliquer le Maroc dans les événements du Mali : nous demandons également à nos services de sécurité de renforcer leur assistance technique au profit des pays du Sahel. Du reste, les quatre pays estiment qu'ils doivent prêcher d'exemple en instaurant la coopération policière la plus efficace entre eux. «La formation policière spécialisée dans la lutte contre le trafic des stupéfiants, la criminalité organisée, le terrorisme, le trafic d'armes, la grande délinquance, les crimes liés à la migration illégale et la formation policière pour renforcer la sécurité et la gestion des frontières et le contrôle frontalier, sont fondamentaux, dans l'intérêt non seulement de la sécurité extérieure, mais aussi de la sécurité intérieure». Toutes choses qui font que la déclaration de Rabat a été qualifiée par les ministres français, espagnol et portugais de pas décisif sur la voie de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Manuel Vals, Jorge Fernandez Dias et Miguel Macedo ont, en outre, louangé le Maroc pour avoir pris l'initiative de la réunion et fait en sorte que soient réelles les perspectives qu'elle ouvre dans le domaine de la paix et de la stabilité dans une région qui, «en englobant une bonne partie de la façade atlantique et du pourtour méditerranéen», détermine, dans une large mesure, la paix et la stabilité au Sahel. Le ministre de l'intérieur a parlé, pour sa part, de mutualisation de la coopération bilatérale fondée sur des valeurs communes. Communauté qui a fait que ses pairs l'ont assuré de ce que leurs pays appuient résolument l'action française contre le terrorisme au Mali.