100 millions DH, tel est le déficit annuel prévu par la société Casa Transports. À un mois et demi de la mise en service du tramway de Casablanca, on entend déjà parler d'un écart budgétaire. Compte tenu de la billetterie fixée à 6 DH le voyage, la rémunération du personnel, l'approvisionnement en énergie et le besoin de maintenance… les charges d'exploitation se verront lourdes pour ce nouveau-né des transports en commun. «Ce déficit ressort de la différence entre les charges d'exploitation et le remboursement de la dette. Il est utile de souligner que nous avons complété le financement par la contraction d'emprunts pour le matériel roulant», souligne Youssef Draiss, directeur général de Casa Transports, lors d'une conférence de presse tenue mardi à Casablanca pour arrêter le bilan du premier mois du tramway. Un engagement a été établi dans ce sens : la commune urbaine de Casablanca et l'Etat prendront en charge ce déficit. Autre désagrément qui gênerait, probablement, la circulation du tramway : la grogne des chauffeurs de grands taxis. Ces derniers semblent dérangés de la présence du tram qui longe un circuit longtemps exploité par eux, notamment l'axe reliant le centre-ville à Hay Mohammadi. Ils menacent même de mener une grève sur les rails de leur rival. Et pourtant Casa Transports rassure : «Il n'y aura pas de suppression des grands taxis», confirme M. Draiss. Et d'ajouter : «Avec la montée en charge du tramway, on aura juste besoin d'organiser les itinéraires. Une ville comme Casablanca a besoin d'améliorer sa mobilité et diversifier ses canaux de circulation». En plus du tracé du tramway étendu sur 30 kilomètres, la capitale économique du Royaume compte aujourd'hui près de 1.300 bus et 15.000 taxis. La comparant à Santiago (108 km de métro, 35 autres en construction, 5.000 bus et 40.000 taxis) , dont le maire a été en visite à Casablanca, notre métropole est loin de s'aligner aux normes internationales. Le schéma directeur de la capitale économique, qui date de l'année 2007, ambitionne la mise en œuvre d'un plan de déplacement, mettant en relief un nouveau modèle de transports en commun. Outre les 4 lignes de tramway, une ligne de RER et une autre de métro sont prévues. En identifiant les besoins immédiats en termes de circulation à Casablanca, Casa Transports s'est penchée, depuis plus d'un an, sur la mise en place d'une seconde ligne de 15 kilomètres de long. L'axe prioritaire est celui de Zerktouni, Mohammed VI, Sbata, Sidi Othmane et Moulay Rachid dont la prévision de trafic, sur les prochaines décennies, s'élève à 400.000 voyageurs par jour. Une capacité qui ne peut être absorbée par les moyens existants sur le terrain. Pour ce faire, le Maroc s'apprête à adopter un système mondial : celui du métro aérien. Les études préliminaires de ce projet, dont le coût est fixé à près de 8 milliards DH, sont fin prêtes. Le dossier est actuellement entre les mains du conseil de la ville qui examine avec l'Etat les modalités de financement. Casablanca sera-t-elle pionnière à cet égard ? Bilan du 1er mois du tramway de Casablanca La montée en puissance du système aura lieu à la fin du premier semestre 2013. Cela permettra d'améliorer davantage les temps de parcours et la régularité du tramway. A l'issue d'un an d'exploitation, l'intervalle prévue sera de 4,45 minutes avec un parc totalisant 37 rames et des performances du système telles que attendues. A un mois de sa mise en service, le tramway de Casablanca a transporté près de 1.200.000 voyageurs pour une moyenne journalière de 40.000 voyageurs. Les recettes quotidiennes s'élèvent à 250.000 DH. Sur le top 5 des stations du tramway, la place des Nations Unies arrive en tête, suivie de celles de la Place Mohammed V, Bd Hassan II, Casa Voyageurs et Marché central. Notons qu'a partir du 1er février Casa Tram lance les abonnements et les cartes rechargeables d'une validité de 4 années , dédiées au grand public à 230 dirhams mensuellement au moment où les étudiants profiteront d'un forfait de 150 DH le mois.