Les administrateurs menacent de descendre dans la rue le 19 janvier prochain. Leur groupement, l'Union nationale des administrateurs marocains (UNAM), a dit son intention d'organiser une «marche de la colère» afin d'inciter les autorités «à reprendre le dialogue». Le groupement table sur une participation record. Probablement des centaines. Peut-être -et c'est son souhait- des milliers. Ce qui est sûr, c'est que 8.000 administrateurs ne sont pas contents de leur sort. Vrai que cela fait plus d'un lustre que ce sort n'est pas particulièrement brillant, mais aujourd'hui le ressenti est plus mal vécu. Pour moult raisons. Et d'abord que les temps sont de plus en plus durs. En particulier pour ceux dont l'avancement marque le pas. Car, en situation de blocage des mécanismes de promotion, la cherté de la vie se fait plus lourdement sentir. Et selon l'Unam, c'est ce qui se passe pour la majorité des administrateurs, soit 60.000 fonctionnaires placés aux commandes les plus diverses de l'appareil de l'Etat : finances, collectivités locales, santé… De par leur fonction, ils sont quasiment partout. Mais cependant, ils n'ont pas de statut particulier. Et c'est justement ce qu'ils revendiquent en premier : un statut. L'Unam considère que celui qui a été promulgué en 2010 ne satisfait pas à leurs attentes, qu'il les banalise en les noyant parmi des catégories de fonctionnaires qui n'ont pas les mêmes profils de formation et les mêmes compétences. En fait ce que l'Unam dit c'est que les administrateurs ne méritent pas ce qu'il leur arrive. «Ayant au fil des décennies accumulé un capital de compétences et d'expériences qui les a naturellement désignés à occuper des places centrales dans la conception des politiques publiques, dans leur exécution et dans l'action pour la modernisation de l'administration», ils ont néanmoins été marginalisés au profit des technocrates. L'Unam pense qu'il y a injustice flagrante à continuer sur cette voie. Certains dans ses rangs parlent même de «hogra». Ou alors, objectent-ils, «comment expliquer que nos confrères administrateurs exerçant dans la Justice aient reçu reconnaissance de leur statut et faits commissaires judiciaires et nous pas ?». La fédération considère pour sa part que ce «deux poids, deux mesures» conduit à des tensions dont se ressent l'efficacité de l'administration «à un moment où il lui est demandé d'être à l'écoute des attentes des citoyens». Alors le groupement conceptualise ses demandes. Côté principes généraux, il revendique la gouvernance professionnelle, l'équité et l'égalité et, pour faire bonne mesure, l'homogénéisation des droits et des obligations. En pratique cela donne des demandes de révision de statut sur la base de l'égalité entre groupes ayant des compétences et assumant des fonctions similaires, des attentes portant sur le réaménagement des diverses allocations, la réhabilitation de l'administrateur, le rétablissement de la formation continue et la répartition équitable des responsabilités.