C'est aujourd'hui mercredi 27 août que démarre la campagne électorale pour les communales du 12 septembre. Les candidats des différentes forces en présence ont jusqu'au 11 septembre, soit un délai de deux semaines, pour convaincre et intéresser les électeurs à une campagne qui s'annonce terne et sans panache. Une ambiance timide qui contraste énormément avec les enjeux d'une démocratie locale de plus en plus mise en cause dans la crise sociétale que connaît le Maroc. Le délai de dépôt de candidatures aux élections communales du 12 septembre a expiré hier à minuit. Le processus électoral passe donc à la phase suivante à savoir la campagne qui démarre aujourd'hui et se prolongera jusqu'à la veille du jour du scrutin. Cette étape est sans doute la plus difficile à gérer tant de la part de l'Administration que des partis. Les deux devront faire preuve de vigilance et de mobilisation afin de passer ce nouveau test de la démocratie marocaine le plus correctement possible. Pour ce faire, le gouvernement a pris l'initiative de mobiliser les ministères de l'Intérieur et de la Justice conjointement dans l'objectif d'assurer un contrôle efficace du déroulement du processus électoral, de détecter toute tentative de fraude et de présenter ses auteurs devant la justice. Ainsi, les deux départements ont signé une circulaire conjointe sur les mesures à prendre pour moraliser le processus électoral et de le protéger contre les irrégularités. Ces mesures interviennent dans le cadre de l'application des hautes directives Royales concernant la régularité des scrutins et la moralisation de la représentativité, affirme la circulaire. L'initiative du gouvernement met donc fin aux questions que se posaient certains observateurs de la vie politique sur le débat relatif à la neutralité active ou passive de l'Administration. Dans le discours Royal prononcé à l'occasion du 49-ème anniversaire de la révolution du Roi et du peuple, le 20 août 2002, à la veille des élections législatives, le Souverain avait souligné que les pouvoirs publics qui s'acquittent de la mission qui leur incombe de veiller à la sincérité du scrutin ne doivent pas se limiter à une simple neutralité -fut-elle active ou passive- mais à faire preuve d'un engagement ferme pour assurer l'application scrupuleuse de la loi et protéger la régularité des élections. C'est en application de ces directives de SM le Roi qu'il a été décidé de prendre une série de mesures préventives et répressives. Ainsi, la circulaire conjointe des deux ministères de l'Intérieur et de la Justice met l'accent sur le rôle des autorités administratives locales dans l'opération d'attirer l'attention des candidats sur la nécessité d'adopter une conduite correcte au cours de la campagne électorale et à leur rappeler les sanctions qu'encourt tout contrevenant. Les mêmes autorités seront chargées de faire face à toutes les tentatives tendant à influer sur la volonté des électeurs par le biais de moyens ou actes illégaux. Ce dispositif mis en place par les autorités compétentes nécessiterait toutefois la collaboration des citoyens qui devront dénoncer toute tentative de la part des candidats de corrompre leurs choix par quelque moyen que ce soit. Au-delà des procédures de contrôle, le fait marquant de cette campagne électorale sera celui des décisions d'interdiction de présentation de la candidature concernant un certain nombre d'anciens élus. Ces derniers auraient été invités par les autorités locales à ne pas se présenter à nouveau afin de permettre le renouvellement de la classe politique locale. D'un autre côté, l'adoption de deux modes de scrutin différents est une nouveauté qui marquera certainement ces élections. Rappelons que, dans le cadre du nouveau code électoral, deux modes de scrutin ont été adoptés. Le premier est relatif aux communes dont le nombre d'habitants est égal ou inférieur à 25.000, à savoir le mode de scrutin uninominal à un seul tour à la majorité relative, et le second consiste en le mode de scrutin de liste à la proportionnelle avec l'application de la règle du plus fort reste. La campagne électorale menée par les candidats se présentant dans le cadre de ce dernier mode devront faire face à un nouveau système qu'ils ne maîtrisent pas encore. Ainsi, plusieurs listes tournent uniquement autour des têtes de listes alors que les autres noms sont réduits au rôle de figurants. Ce qui fait en sorte que le scrutin de liste se transforme en scrutin uninominal. Par ailleurs, le problème de l'habitat insalubre sera très présent durant la campagne électorale. Ainsi, affirme-t-on de source informée, les autorités locales ont reçu des instructions fermes pour réfuter toute candidature des anciens élus ayant été impliqués dans des affaires de constructions anarchiques ou de bidonvilles. Rappelons que, dans le discours Royal prononcé à l'occasion du quatrième anniversaire de son accession au Trône, Sa Majesté le Roi a mis l'accent sur la nécessité de remédier à ce fléau et a soulevé l'implication des élus dans la multiplication de cet habitat insalubre. Enfin, il y a lieu de mentionner que la phase de la présentation des candidatures a été marquée, de l'avis des observateurs, par un calme inhabituel qui laisse soupçonner une indifférence et une apathie politique de l'électorat. Le démarrage de la campagne permettra-t-il d'animer le débat et de susciter l'intérêt des électeurs ? Une question dont la réponse viendra au fur et à mesure que la campagne avancera.