Gianluca Ferrero, un expert comptable de 60 ans, a officiellement été intronisé mercredi président de la Juventus Turin après la démission fin novembre d'Andrea Agnelli, sous la pression d'une enquête judiciaire portant sur de possibles fraudes comptables. Gianluca Ferrero était le candidat désigné fin novembre par Exor, la holding de la famille Agnelli contrôlant le plus titré des clubs italiens de football (36 titres de champion), après la démission d'Agnelli avec son vice-président Pavel Nedved et l'ensemble du conseil d'administration. Réunis mercredi matin en assemblée générale, les actionnaires ont élu le nouveau conseil d'administration, en fonction jusqu'en 2025, lequel a ensuite nommé M. Ferrero à la présidence et Maurizio Scanavino au poste d'administrateur délégué. La nouvelle direction aura pour mission de redresser la situation sportive de la Vieille Dame, sans titre la saison dernière pour la première fois depuis onze ans, mais surtout la situation financière inquiétante: le club a enregistré des pertes supérieures à 200 millions d'euros ces deux dernières saisons et est dans le collimateur à la fois de l'UEFA et de la justice italienne pour de possibles irrégularités comptables. Andrea Agnelli, 47 ans, en poste depuis 2010, a fait part devant l'assemblée de son « émotion » avant de « clore un chapitre important de (sa) vie » et indiqué qu'il allait se retirer de l'ensemble des fonctions qu'il occupe dans les conseils des sociétés d'Exor. Avec l'arrivée d'Andrea Agnelli, en 2010, la Juve avait retrouvé son prestige et de nouveau dominé le football italien en remportant neuf fois de suite le scudetto entre 2012 et 2020, une série record. Mais elle a décliné depuis, en Europe comme en Italie, plombée notamment par l'investissement majeur consenti pour s'offrir la star Cristiano Ronaldo, Bianconero entre 2018 et 2021. La justice soupçonne la Juve d'avoir usé de plus-values « fictives » et de « manœuvres » opaques sur les salaires pour limiter artificiellement ses pertes dans ses bilans présentés aux investisseurs. Le parquet de Turin a demandé le renvoi en justice d'Andrea Agnelli et de onze autres ex-dirigeants. Cette demande doit être examinée fin mars, selon l'agence italienne Ansa.