Que faire après le bac ? Ecoles privées ou universités ?Quelle filière choisir ? Autant de questions qui taraudent inévitablement les bacheliers livrés à eux-mêmes une fois le bac dans leur poche. Un clin d'œil sur un système d'orientation boiteux et inefficace. Après le bac, le stress n'est toujours pas retombé. Les bacheliers se mettent illico presto à songer à leur avenir et à réfléchir sur la voie à suivre surtout que la course aux inscriptions démarre juste après la publication des résultats. Les parents, eux aussi, sont impliqués. Normal, le choix à suivre repose, entre autres, sur les moyens financiers à investir. Pour Mohamed Mountassir, orientateur, le calvaire des futurs étudiants et de leurs familles ne fait qu'accroître après le baccalauréat. « Malheureusement les horizons se sont rétrécis de plus en plus pour les bacheliers. Car, d'une part, la plupart des écoles publiques de l'enseignement supérieur admettent les bac + 2 ou les classes préparatoires. D'autre part, leur capacité d'accueil est limitée et ne permet pas d'admettre tous les candidats », indique-il. Pis encore, au lieu d'élargir les choix possibles pour les étudiants, la politique de la fuite en avant en instaurant des conditions rigides d'accès deviennent le moyen idoine pour stopper le flux, ajoute-t-il. L'université reste donc la seule alternative pour les bacheliers issus de familles modestes dont les moyens sont limités et ne peuvent dépenser des sommes colossales dans les écoles privées. Cependant, ce choix inévitable s'est avéré insatisfaisant vu que la faculté, autrefois, un passage important pour les bacheliers, a perdu depuis belle lurette de son lustre. La valeur du diplôme universitaire s'est dégradée progressivement et ne permet nullement l'accès au marché de l'emploi. La mise en place de la licence professionnelle dans les universités n'a pas réussi à absorber le flux des bacheliers. Car, créée en partenariat avec les entreprises et les établissements professionnels, seuls y accèdent les bacheliers ayant les moyens financiers ou encore par pistons. « On n'est pas contre la licence professionnelle mais il faut que l'accès soit contrôlé par un dispositif transparent et selon des conditions accessibles répondant au principe de l'égalité des chances », explique notre interlocuteur. Les difficultés d'orientation auxquelles les bacheliers se trouvent confrontés sont essentiellement dues à l'ambigüité de tout le système éducatif. « Les moyens obtenus ne reflètent pas le niveau réel des bacheliers et ne représentent pas un critère d'orientation», fait-t-il savoir. En guise d'exemple, explique-t-il, des scientifiques qui obtiennent le bac avec des notes faibles dans les matières scientifiques. Une autre anomalie du système éducatif qui influence négativement l'orientation relève du système de l'évaluation. En effet, ce dernier est conçu de manière à contrôler au préalable le débit de réussite. Car, la répartition des pourcentages des notes par examens est sujette à caution, note Mohamed Mountassir. « En effet, en 6ème année du primaire, l'examen académique représente uniquement 25% alors que le normalisé représente 50% et le contrôle continu 25%, soit 75% de la note qui ne reflète pas le niveau de l'élève. Le même cas dans le collège. Le contrôle continu est à 30%, le local à 30% soit 60% alors que le régional ne représente que 40%. Au niveau bac, le contrôle continu atteint 25%, le régional 25% alors que le national est de 50%. Ce qui signifie que plus l'élève avance, plus son niveau affaibli.», constate-t-il. Pour illustrer ses propos, Mohamed Mountassir nous livre les résultats d'une enquête qu'il a effectuée sur les étudiants d'une faculté de médecine. Il en ressort que les bacheliers sciences mathématiques représentent un taux de réussite de 100% alors qu'ils n'ont pas étudiés les sciences de la vie et de la terre. S'en suivent les bacheliers de l'école publique qui ont étudié les matières scientifiques en arabe. En dernier, se placent les bacheliers de la mission française qui redoublent beaucoup. Et de conclure que la revalorisation de l'école marocaine passe par une révision du système de l'évaluation. « Cette donne se répercute inéluctablement sur l'orientation des élèves après le bac. Car, au lieu de les guider en fonction des matières maîtrisées et des qualités acquises comme c'est le cas par exemple aux Etats-Unis, ils le sont en fonction des notes qui ne traduisent pas le niveau réel du bachelier », affirme-t-il. La situation n'est pas plus reluisante dans le secteur privé. La plupart des écoles privées ne respectent pas le programme du ministère de tutelle ou fait appel à des licenciés sans formation idoine. L'enseignement supérieur privé n'est pas mieux loti. Les diplômes des écoles supérieures privées ne sont pas reconnus par l'Etat et donc les lauréats de ces écoles n'accèdent pas à la fonction publique. De même, mis à part les écoles qui ont des conventions avec les entreprises privées, les autres ne garantissent pas l'intégration facile au marché de l'emploi. Résoudre la problématique du chômage est le corollaire d'un système d'orientation efficace et payant. Sinon, on risque encore de voir des diplômés chômeurs investissant les rues. La nouvelle ère annoncée par la nouvelle Constitution devrait s'amorcer par des actions concrètes pour éviter tout retour en arrière.