On a coutume de dire que la population marocaine est caractérisée par sa jeunesse, bien que la proportion des personnes âgées de plus de 60 ans est en augmentation constante. Estimée à plus de 33 millions d'habitants, la part des personnes âgées représente aujourd'hui 7% de la population. Ces personnes âgées quand ils sont en bonne et parfaite santé, ne posent pas de problèmes. Mais quand la maladie est là, quand la personne âgée n'arrive plus à subvenir toute seule à ses moindres besoins (respirer, boire, manger, éliminer, se mouvoir …) et que se pose la nécessité de pallier à ces besoins en milieu spécialisé, force est de constater qu'il n'y a pas de services de gériatrie. Quelle prise en charge y a-t-il aujourd'hui pour les personnes âgées au niveau des hôpitaux ? Pourquoi n'existe-t-il pas de centres de gériatrie pour ces personnes ? Cette problématique s'impose de plus en plus de nos jours et nécessite de ce fait des solutions adaptées aux besoins spécifiques des personnes âgées. La population Marocaine vieillit, ce n'est un secret pour personne. la proportion des personnes âgées ne représente aujourd'hui que 7% de la population, le problème ne se posera réellement que dans les années à venir lorsque leur nombre augmentera et passera à 11,1% en 2020 et à 20% en l'an 2040. Cela veut dire que le nombre des personnes âgées atteindra près de 6 millions et serait presque similaire à celui des jeunes en 2050. Cette situation est amplement expliquée par la baisse importante qui affecte depuis quelques années le taux de natalité , l'indice synthétique de fécondité a connu une baisse très indicative , il a évolué de 7,1 en 1960, à 4 en 1992 , à 3,3 en 1994 et à 2, 3 en 2010 Cette baisse importante de l'indice de fécondité couplée à l'augmentation de l'espérance de vie montre que le pays traverse une transition démographique. Quelques chiffres : l'espérance de vie est plus grande, plus longue. Les Marocains vivent plus longtemps (73 ans pour les hommes 78 pour les femmes et même plus) Si on a toutes les bonnes raisons de nous réjouir, il ne faut pas occulter pour autant quelques problèmes inhérents à l'âge, car plus on vieillit plus on tombe malade. Ce qui en toute bonne logique signifie que l'amélioration de l'espérance de vie sera un défi pour les hôpitaux durant les prochaines décennies au moment où les spécialistes prévoient une espérance de vie de 80 ans en 2040. Qui dit vieillissement de la population dit maladies liées au 3ème âge (HTA-cardiovasculaires- cancers – diabète, maladies rénales – neurologiques – mentales …) Qu'avons-nous préparé aujourd'hui pour ces personnes âgées ? Plus une personne vieillit, plus elle a des besoins spécifiques, qui doivent être comblés par des professionnels de santé qualifiés au niveau de structures adaptées. Qu'entend-on par vieillissement de la population? Le vieillissement de la population est une notion récente qui désigne une modification progressive de la pyramide des âges se caractérisant par une augmentation de la proportion des âges élevés et une diminution concomitante du poids relatif des âges jeunes. Historiquement, le premier facteur en cause a été la diminution de la fécondité qui a été initiée au Maroc par l'introduction des méthodes contraceptives (planification familiale) dans les années 60 et ensuite, le recul de la mortalité, à partir du moment où les progrès de la médecine ont bénéficié surtout aux plus âgés. Or ce vieillissement prévu et prévisible aura un impact sur de nombreuses politiques, de la planification des besoins de soins de santé, personnels spécialisés dans l'aide , d'infrastructures adaptées, en passant par les dépenses de l'assurance maladie obligatoire, la CNSS, la CNOPS, la CMR, la CIMR….. Mais quoique l'on dise, quoique l'on pense, être vieux n'est ni une tare, ni un handicap, c'est le cheminement normal de tout être humain. Dans les sociétés dites développées, modernes, les personnes âgées (65 ans et plus) sont très souvent marginalisées, placées dans des maisons de retraite ou des institutions pour personnes du 3ème âge, où ces personnes passent le restant de leur vie dans un cadre agréable, loin du bruit, du stress jusqu'au jour ou elles décèdent. Nous sommes loin de ce scénario au Maroc car ce genre d'établissements n'existent pas et les quelques maisons pour personnes âgées que l'on trouve ici et là (Ain–chock –Tit Méllil – Ain Atik ….) sont des lieux sordides comme nous l'on montré les différents reportages TV qui ont consacré plusieurs émissions à ce sujet. Se pose alors le problème de la prise en charge de ces personnes, en milieu spécialisé, adapté. Qu'avons-nous préparé aujourd'hui pour ces personnes âgées ? Avons-nous une stratégie ? Les responsables, les gestionnaires ont-ils préparé quelque chose ? Allons – nous attendre jusqu'au jour où le problème de la prise en charge des personnes âgées nous tombera sur la tête ? La réponse à ces questions tout le monde la connaît, et il ne sert à rien d'esquiver. Il faut dire les choses telles qu'elles se présentent. Notre pays n'est pas préparé pour assurer à cette population une prise en charge spécifique, adaptée à leur état de santé, à leurs besoins qui seront surtout marqués par des maladies chroniques, invalidantes... Les centres de gériatrie : un luxe ou une nécessité ? La gériatrie est une branche de la médecine qui étudie la santé des personnes âgées. Elle est donc une des sciences qui composent la gérontologie, car la santé des personnes âgées est influencée par leur vieillissement bien sûr, mais aussi et surtout par les maladies qui les touchent et leurs conséquences fonctionnelles. Les facteurs sociaux et psychologiques ont aussi une grande influence sur la santé des personnes âgées. D'une façon générale, les patients gériatriques sont caractérisés par leur fragilité ou leur vulnérabilité qui les expose à un risque d'évolution défavorable (hospitalisation, entrée en institution, décès) face à des agressions diverses que les adultes plus jeunes vigoureux” surmontent plus facilement. La gériatrie est dans de nombreux pays développés une spécialité médicale. Mais, malheureusement, ce n'est pas le cas dans notre pays. Et c'est pour cela que certains patients âgés aux tares multiples telles que le diabète, l'hypertension artérielle ainsi que plusieurs autres maladies ne trouvent leur place dans aucun service. Leur prise en charge nécessite le plus souvent des équipes multidisciplinaires ou tout simplement un service où il y aurait une prise en charge spécialisée, autrement dit des centres où des médecins peuvent gérer toutes les tares en même temps. Parfois, ces malades n'ont pas de famille ou bien leurs familles si elles existent les négligent et on peut trouver des personnes âgées relativement en bonne santé mais qui ont d'autres besoins (manger, éliminer, se mouvoir, se recréer, parler …) qui sont hospitalisés dans des services pendant 6 mois et même bien plus. Ce n'est pas une vue de l'esprit, mais bel et bien une réalité que nous devons regarder bien en face. Dans bien des cas c'est l'ambulance de la protection civile qui transporte ces pauvres créatures affaiblies, déshydratées, et qui les dépose à l'hôpital. Face à cette réalité, l'hôpital les prend en charge, mais ce n'est pas la solution. Cette situation est quotidiennement vécue au niveau des services de médecine, de chirurgie, d'orthopédie, de réanimation. Il faut absolument construire des services dédiés à la gériatrie, ce n'est pas un luxe ou des dépenses inutiles, bien au contraire, c'est une nécessité. Personnellement, je ne comprends pas que l'on puisse aujourd'hui construire des centres de santé qui restent fermés au moment où nous avons un réel besoin de structures qui nous font cruellement défaut Alors au lieu de perdre du temps dans des futilités, il vaut mieux se mettre dès à présent au travail. Nous devons dès à présent penser à construire des centres de gériatrie qui sont des structures adaptées à cette tranche de la population dont le nombre ne cessera de croître. Il conviendra aussi de former des professionnels de santé spécialisés dans ce type de prise en charge (gériatre, infirmière, aidant, psychologue, assistante sociale …)