«Le déficit budgétaire sera maintenu, malgré tout, à moins de 5% du PIB», telle est la conclusion tirée par les analystes financiers d'Attijari Capital Markets. Passant au crible les chiffres publiés par la Direction du Trésor et des Finances Extérieures (DTFE), les analystes de la banque d'affaires estiment que les statistiques ne sont pas aussi pires que le laissent croire quelques rabat-joie de service. Est-il vrai que les finances publiques sont sous tension ? «Pas si sûr», affirment les analystes. «Dans la loi de finances 2011 votée en décembre dernier, l'enveloppe allouée aux dépenses ordinaires s'élevait à 165 milliards DH. Mais en quelques mois, beaucoup d'événements se sont produits et tout le monde est parfaitement d'accord que leur impact sur les charges de l'Etat sera conséquent », notent les auteurs de la note d'analyse. Il y a eu en effet «l'envolée des prix du pétrole», au-delà de 100 dollars le baril, alors que le PLF a sous-estimé le cours moyen à quelque 75 dollars. Ainsi, les charges de compensation pourront aisément atteindre les 42 milliards DH, soit 25 milliards de plus que le montant initialement prévu. Ajouter à cela les dépenses additionnelles liées aux accords sociaux, qui n'étaient pas, non plus, pris en compte dans le budget 2011, et qui pourraient totaliser, selon la note d'Attijari, 28 milliards DH. Auquel cas, le déficit public atteindrait 57 milliards DH, soit 6,8% du PIB. « Une situation très difficile voire intenable, mais qui ne tient pas compte des différentes recettes additionnelles et économiques que l'Etat est capable de générer et qui peuvent contenir très sensiblement ce supplément de dépenses», font remarquer les analystes. Quatre éléments principaux (en dehors de la cession de 20% du capital de la BCP) peuvent générer des recettes supplémentaires. Primo, la bonne tenue des recettes de la TVA (notamment à l'import) et aussi à l'intérieur dans le sillage de la bonne campagne céréalière (amélioration des revenus et consommation des ménages). Selon les analystes de la banque d'affaires, les recettes de la TVA atteindraient 49 milliards DH (ou 2 milliards de plus par rapport à ce qui est prévu). Deuxième élément, les recettes de l'IS, qui pourraient dégager au moins 1 milliard DH supplémentaires, par rapport à ce qui est budgétisé, à 40,3 milliards DH. En troisième lieu, il y a les économies que l'Etat peut réaliser sur son train de vie, en termes de charges de fonctionnement (hors salaires). Il s'agit, rappelait-on, d'une politique clairement annoncée par le gouvernement et sérieusement prise en compte puisqu'au premier trimestre, ces dépenses affichent déjà une baisse non négligeable de 17%. En réalité, cette politique «d'austérité» a été amorcée dès l'an dernier quand l'Etat avait réalisé 5,4 milliards d'économies par rapport au budget initial. Versant un peu dans l'optimisme, les analystes d'Attijari espèrent ainsi que «l'Etat réalise en 2011 une baisse des dépenses comprise entre 5 et 10%. Cela correspondrait à des économies supplémentaires comprises entre 2 et 4 milliards DH». En dernier lieu, Il y a les investissements du budget général. «Ce poste budgétaire a la particularité d'être facilement malléable. L'Etat a la possibilité d'avancer ou de retarder ses décaissements avec une certaine flexibilité », soulignent les analystes. 48 milliards DH d'investissement, c'est un record historique, ont relevé les analystes. Mais dans la conjoncture difficile d'aujourd'hui, l'Etat pourrait se contenter d'un taux de réalisation de 80% et reporter le reste de ses investissements sur les années suivantes. «Ainsi en faisant la somme des recettes additionnelles d'une part, des économies potentielles et du report éventuel des dépenses d'investissements de l'autre, en ajoutant à cela la part qui revient au budget de la cession de 20% de la BCP estimée à un peu plus de deux milliards de dirhams, le montant global serait d'une vingtaine de milliards DH. Ce montant absorberait à hauteur de 70% les dépenses supplémentaires et, par conséquent, le déficit additionnel ne serait finalement que de 8 milliards DH. Selon les analystes d'Attijari Capital Markets, dans ce cas ci, «un déficit de 38 milliards représenterait tout juste 4,5% du PIB, soit le même niveau que 2010. «Un véritable exploit, notent les limiers de la banque d'affaires, compte tenu du contexte particulier de 2011. Très loin donc, on l'aura compris, des scénarios très pessimistes qui prédisent un déficit au-delà des 7% du PIB.