Depuis déjà des mois, la capitale du Souss, à l'instar de ses semblables partout dans le royaume, a connu des perturbations répétées au niveau de plusieurs secteurs. Il est vrai que les mouvements des jeunes qui ont marqué la plupart des régions du pays ont déclenché toutes les formes de manifestations : arrêt de travail, sit-in, marche… A commencer par le département de l'éducation nationale, on retiendra également l'activisme qui a émaillé d'autres domaines, à savoir la santé, la pêche, la justice, la formation professionnelle…, sans parler des diplômés chômeurs et les bidonvillois des quartiers d'Anza et d'Aghroud de Bensergao, ainsi que les manifestants du lotissement Lagouira. Ces soulèvements saccadés ont été accompagnés par l'occupation des terrains nus et vagues dans nombre de quartiers de la ville, notamment Al Houda, Lakhiam, Anouar Souss…par des marchands ambulants, mais aussi des clochards et des délinquants, en vue de planter des sortes de souks dans l'anarchie la plus totale. Devant cette débandade qui sillonne la vie urbaine de la cité, quelques citoyens du quartier d'Anza ont eu le culot de s'emparer des logements vides de Al Omrane ou de la commune et s'en accaparer par force, sous prétexte qu'ils n'ont pas de domicile. Face à ce comportement de désordre et dérapage, les réactions du service d'ordre étaient surtout marquées par des conduites de tergiversation et d'expectative, de crainte que les choses prennent des tournures irrémédiables. Mais, au fil des jours, le débordement vient contaminer également les constructions illicites qui prennent de plus en plus de l'ampleur, particulièrement à Aourir où l'anarchie urbanistique a enregistré plus de 6000 cas, à Drarga et bien d'autres communes de la préfecture d'Agadir Ida Outanane. La catastrophe allait dégénérer devant le mutisme des Autorités qui jusqu'ici, ont préféré ne pas attiser les tensions. Cependant, à mesure que le silence se maintient, les transgressions montent d'un cran et l'Autorité ne tarda pas à réagir pour mettre fin à tous ces agissements irréfléchis qui s'effectuent au nom du « mouvement des jeunes ». C'est ainsi que les souks anarchiques d'Al Houda et de celui d'Anouar Souss ont été démolis, sous la pression aussi des habitants avoisinants et des marchands du souk Al Had. Parallèlement, on s'attaque énergiquement aux constructions anarchiques pour mettre un terme à cette prolifération incongrue, d'autant plus que les matériaux de constructions et la main d'œuvre ont flambé en une vitesse vertigineuse. A ce propos, le Wali de la région Souss Massa Drâa, a tenu récemment une réunion élargie à laquelle ont pris part les présidents des communes et les agents d'autorité relevant de la préfecture pour justement tracer des lignes de conduite à même de juguler ce phénomène débordant. « On ne badinera pas avec quiconque se permettrait de foutre la pagaille dans les normes et les lois en vigueur. Tout doit se passer dans les règles », tonne-t-il devant l'assistance. Quelques jours après, des rencontres de concertations et suivi sur l'état d'avancement des projets et des réalisations ont été entamées, depuis lundi dernier, dans les caidat d'Aourir, d'Ameskroud et aujourd'hui, jeudi à Drarga. Le but étant de contrecarrer des pulsions négatives qui tendent à transformer la vie publique à des situations similaires à la «loi de la jungle». Il est donc grand de poser les pieds sur terre et se mobiliser pour combattre toutes sortes de dépassements et faire respecter la loi, tout en prônant la politique de proximité afin de satisfaire toutes les attentes et les aspirations des populations, en termes de besoins vitaux en emploi, instruction, santé, loisirs, infrastructures diverses. C'est en subvenant à tous ces droits légitimes que les émeutes s'apaisent, en fin de compte. Ce à quoi devraient s'atteler toutes les composantes de la préfecture : Pouvoirs publics, Autorités locales, Administrations, Elus, Société civile…