Bank Al Maghrib a dit sa foi dans la croissance, mardi à l'issue de la réunion trimestrielle de son conseil. Au cours du point de presse qui s'en est suivi, le gouverneur de l'institut d'émission a en effet confirmé ses récentes prévisions en annonçant pour l'année qui court, un taux de progression de l'économie se situant entre 4,5 et 5,5%. Si on est assez loin des 7% qu'on donne pour élément de solution à des problèmes endémiques tels que le chômage, cette fourchette a le mérite de réinstaller la confiance. D'autant plus qu'elle est étayée par le bon comportement de l'indice des prix. C'est ainsi que dans une conjoncture où l'inflation a surpris les prévisionnistes en accusant un net recul -1,4% au lieu des 2,1 avancés- Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al Maghrib a dit son intention de maintenir le taux directeur à son niveau actuel de 3,25%. Comme ce taux est le loyer de l'argent prêté par la banque centrale aux banques commerciales et qu'ainsi il détermine les taux de crédit, ce statut quo rend compte de la volonté de pousser à la roue de la machine économique au moment où certains secteurs se remettent des incidences de la crise du commerce mondial. Cependant Bank Al Maghrib se défend de verser dans l'optimisme béat. Comme le note son conseil, ce recul est dû principalement à la baisse des prix des produits volatils que sont les produits alimentaires. C'est donc un effet de conjoncture qui pourrait se résorber de lui-même ou qui pourrait se transformer en son contraire. D'autant plus que l'inflation sous-jacente qui reflète la tendance fondamentale des prix s'est de nouveau inscrite à la hausse, passant de 1,7% au premier trimestre à 1,8 % en avril. et que les matières premières ont atteint des sommets avec 15,2% Ces pesanteurs pourraient ne pas être seules à influer sur le cours des événements économiques et financiers dans un proche avenir. En tablant sur des demandes intérieure et extérieure substantielles, Bank Al Maghrib a sans doute anticipé une reprise mondiale qui pourrait ne pas advenir aussi rapidement que souhaité. L'institut note en effet que la disparité de la reprise mondiale fait peser sur l'économie des incertitudes liées au déficit budgétaire de certains pays européens. Comme la zone euro est le principal client du Maroc, l'économie nationale est réceptive à la question de la dette extérieure de certains partenaires européens. C'est donc un optimisme mesuré qu'a distillé le dernier rapport trimestriel de Bank Al Maghrib : la croissance croissante s'amorce, mais il faut y croire. L'institut d'émission semble penser que la progression du crédit bancaire qui devrait se situer autour de 8% en annuel est un signe annonçant le retour de cette confiance.