Les habitants de la ville de Chefchaoeun se souviendront à jamais de ce concert mémorable et de ces moments de bonheur et d'amour que leur a offert leur idole et leur «ambassadeur» Nouamane Lahlou, fêté comme il se doit par «le printemps de Chefchaouen», lors d'une soirée en hommage à ce virtuose de la chanson marocaine, organisée dernièrement, par la commune urbaine de cette ville. Ils étaient des milliers à s'agglutiner tout autour de la très belle esplanade de la place Bir Inzarane, située en plein coeur de la ville, pour voir de prés celui qui a incontestablement contribué au rayonnement de cette cité à travers sa fameuse chanson «Chefchaouen», répétée en choeur tout au long de cette soirée organisée à l'occasion de la clôture de ce qui est désormais une tradition dans cette ville mythique dont la magie transcende les frontières. «Je n'aurai jamais imaginé qu'un hommage puisse se faire de cette manière. J'ai été fêté par plusieurs villes, mais là je dois reconnaître qu'il y avait trop d'émotions en montant sur scène», a souligné ce «maestro» à la MAP. «C'est plus fort que les paroles et seule la musique était capable de refléter ma joie en me trouvant face au public de cette ville pleine d'âme et qui t'envahit dès que tu y pénètres», poursuit Lahlou dont l'amour qu'il voue à cette ville mythique, s'est reflété tout au long de cette soirée dans sa chanson Chefchaouen chantée à plusieurs reprises à la demande du public et interprétée avec une chorale de jeunes talents (filles et garçons), dont les voix ont résonné dans cette ville niché à 600 m d'altitude au pied de deux montagnes, sous forme de cornes, Djebel Kela et Tissouka s'élevant à plus de 2000 mètres, et qui rendaient l'écho. «J'aimerais bien voir Chefchaouen se doter de sa propre radio et de sa télé pour permettre à tous les marocains de mieux découvrir cette ville qui a su concilier tradition et modernité «, souligne ce compositeur dont la musique, est sa raison d'être. «Quand on fait de la musique ou de l'art, on le fait pour trois raisons: l'art, la célébrité, ou l'argent. Personnellement j'ai choisi la première», insiste Lahlou qui a chanté Chefchaouen, et cette dernière le lui si bien rendu en le faisant, à travers son maire Mohamed Sefiani, «citoyen d'honneur», un geste qui est allé droit au coeur de cet artiste qui s'est dit très honoré de cette reconnaissance. A la question de savoir s'il y a un «style Nouamane Lahlou «, cet homme à la silhouette frêle et aux traits ascétiques, qui a commencé dès 1990 à se frayer son propre chemin sur la scène musicale marocaine avec notamment la chanson «amana alik», répond par l'affirmative. Ce style, explique-t-il, se distingue par le fait que ses oeuvres musicales sont faites de telle manière qu'elles peuvent être chantées aussi bien par un enfant de 2 ans que par «ma grand-mère», comme c'est le cas pour la chanson Chefchaouen inspirée, selon lui, de la beauté de cette ville. Interrogé sur l'avenir de la musique marocaine, Nouamane Lahlou se veut optimiste et rassurant car, dit-il, dans un pays avec une telle richesse historique, géographique et culturelle notamment, il y aura toujours de la place pour l'invention et la création encore faut-il découvrir les talents et les encourager, ce qui, selon lui, est la tache aussi bien de l'état mais que de la société civile. Dénonçant ce qu'il qualifie de «mélange et de confusion» entre le divertissement «Entertainment» et l'art de la musique, ce compositeur qui a toujours nourri l'ambition de révolutionner la chanson moderne marocaine, plaide pour accorder davantage d'intérêt et de moyens à la culture. «Moi-même, je n'ai été reconnu au Maroc que lors de mon retour de l'Opéra du Caire et de Disney world «, regrette-t-il encore, insistant que dans son pays, il y a plein de grands artistes qui ne demandent qu' à être aidés et reconnus. Prié de dire ce qu'il pense de la télé réalité, genre Star Académie, Nouamane Lahlou qui a suivi une formation musicale aux Etats-Unis, étudié la musique andalouse qu'il maitrise, outre ses séjours à l'étranger notamment en Egypte ou il a côtoyé les «Haram» (ténors) de la chanson orientale dont Mohamed Abdelwahab, n'y va pas par quatre chemins. « On vend du rêve «, conclut-il.