La ville de Cannes (sud-est de la France) s'apprête à accueillir, mercredi soir, son célèbre festival international de cinéma où le film marocain est représenté aussi bien dans la compétition officielle que dans “La Quinzaine des réalisateurs”, section parallèle de ce grand rendez-vous du cinéma mondial. Alors que le réalisateur roumain Radu Mihaileanu concourt, sous la bannière marocaine, en compétition officielle avec son dernier film “La source des femmes”, la cinéaste marocaine Leila Kilani a vu son long métrage “Sur la Planche” sélectionné dans le cadre de la 43ème Quinzaine des réalisateurs (12-22 mai) qui vise à faire découvrir les films de jeunes auteurs et saluer les œuvres de réalisateurs reconnus. Ce film, qui relate l'histoire de quatre jeunes filles marocaines d'une vingtaine d'années, “l'histoire d'une fraternité entre une jeune bande qui travaille et traverse Tanger, de l'aube au crépuscule”, bénéficie de l'avance sur recettes du Centre cinématographique marocain (CCM), présent en force au festival de Cannes. Le CCM participe, depuis 2006, au village international du festival de Cannes par l'organisation d'un pavillon qui vise à assurer une bonne présentation de l'offre cinématographique marocaine et promouvoir le Maroc en tant que destination privilégiée des producteurs étrangers. Ce pavillon a rendu “de très grands services au cinéma marocain, tant au niveau de la notoriété internationale ou de la visibilité, qu'au niveau de l'évolution des contacts avec les professionnels internationaux (producteurs, distributeurs, chaînes de télévisions)”, indique-t-on auprès du CCM. “La source des femmes” de Radu Mihaileanu, en lice pour la très convoitée Palme d'Or, dans le cadre de la compétition officielle, est une coproduction franco-marocaine dont le tournage s'est déroulé au Maroc. Le film met en vedette Hafsia Herzi et Leila Bekhti, deux actrices montantes du cinéma français, dans le rôle de villageoises marocaines qui se révoltent pour ne plus subir la corvée d'eau que leur imposent les hommes. Il s'agit de la première sélection cannoise pour le réalisateur roumain connu pour “Va, vis et deviens” en 2005 (César du meilleur scénario original) et “Le Concert” en 2009. “Le tournage du film s'est déroulé au Maroc et lorsque vous le regarderiez, vous vous rendrez compte que c'est un film marocain”, avait déjà assuré à la MAP Thierry Frémaux, délégué général du festival de Cannes, chargé de la programmation, à l'occasion de la présentation de la sélection officielle de cette année. Celle-ci comprend au total 56 longs-métrages, dont vingt disputeront la Palme d'or et autres prix prestigieux de la compétition officielle, comme le Grand Prix, les prix de la mise en scène, de l'interprétation masculine et de l'interprétation féminine. Ils seront départagés par un jury présidé par le grand acteur et réalisateur américain Robert De Niro, entouré de huit personnalités du monde du cinéma, dont l'acteur britannique Jude Law, la comédienne américaine Uma Thurman et le réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun dont le film “Un homme qui crie” a remporté, l'année dernière à Cannes, le Prix du Jury. La sélection de cette année, placée sous le signe de “la diversité géographique, générationnelle et stylistique”, comprend aussi bien des œuvres de ceux que l'on appelle désormais “les habitués du festival” que celles des “nouveaux venus”, à l'instar de Radu Mihaileanu. Du côté des habitués, le réalisateur espagnol Pedro Almodovar reviendra sur la croisette avec son dernier film “La Piel que habito” (La douleur qui m'habite). Le festival marquera aussi le retour des frères belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, lauréats à deux reprises de la Palme d'Or, en 1999 et en 2005, avec leur nouveau film “Le gamin au vélo”, ou encore celui du cinéaste américain Terrence Malick avec “The Tree of Life”, interprété par Brad Pitt et Sean Penn. Deux autres réalisateurs brigueront une deuxième Palme d'or lors de cette édition. Il s'agit de l'Italien Nanni Moretti, récompensé en 2000 pour “La chambre du fils”, et du Danois Lars von Trier, couronné en 1999 pour “Dancer in the Dark”. Le cinéma français est représenté par “L'apollonide - Souvenirs de la maison close” de Bertrand Bonello, “Pater” de Alain Cavalier, et “Polisse” de Maïwenn. D'autres films très attendus seront projetés dans le cadre de la programmation “hors compétition”, ou celles dédiées aux “Séances de minuit”, aux “Séances spéciales” voire “Un Certain Regard”. L'un des moments forts du festival sera sans doute la projection de “La Conquête” de Xavier Durringer, chronique de l'ascension vers le pouvoir du président français Nicolas Sarkozy. Les films “Pirate des Caraïbes: la fontaine de jouvence”, avec Johnny Depp et Penélope Cruz, réalisé en 3D, et “The Beaver” (“Le complexe du castor”) de la réalisatrice américaine Jodie Foster avec Mel Gibson, sont également très attendus par les festivaliers. Le festival sera ouvert par le film “Midnight in Paris”, du réalisateur américain Woody Allen, avec notamment Carla Bruni-Sarkozy. La comédienne française Mélanie Laurent sera la maîtresse de cérémonie de la soirée d'ouverture, au cours de laquelle une Palme d'honneur sera décernée au cinéaste italien Bernardo Bertolucci, ainsi que pour la cérémonie de clôture, prévue le 22 mai. Par ailleurs, le festival aura une pensée spéciale pour les révolutions dans le monde arabe en faisant de l'Egypte le premier pays à inaugurer le statut de “pays invité”, avec un programme qui lui sera dédié le 18 mai.