Les prix du pétrole ont lourdement chuté mardi. Le prix de WTI a reculé de 3,77%, à $105,78 le baril, alors que celui de Brent a perdu 2,83%, à $120,47 le baril. Goldman Sachs a de nouveau averti de renversement de la tendance haussière des prix de l'or noir en anticipant que le prix de Brent pourrait tomber à $105 le baril. L'agence internationale de l'énergie a par ailleurs déclaré que le prix du pétrole pourrait avoir un impact négatif sur la demande. L'OPEP a laissé ses prévisions de la demande inchangée, mais a également fait remarquer que les prix du pétrole élevés pourrait faire baisser la demande. L'AIE estime que les effets de tremblement de terre et de tsunami au Japon pourraient amputer la demande du pétrole au deuxième trimestre 2011 de 270 000 barils par jour. Mais pour le reste de l'année la demande accrue de la part du Japon qui va se reconstruire va compenser ce recul. La demande de l'essence aux Etats-Unis a fléchi la semaine dernière de 1,8% par rapport à la semaine précédente, selon le rapport Spending Pulse de MasterCard Advisors. En glissement annuel la demande accuse une perte de 3% en baissant pendant trois semaines d'affilée. L'étincelle du Yémen Il y a quelques jours, les sommets de 2008 (à 150 $) semblaient de nouveau à portée de main. Sans doute, en raison des troubles au Yémen ; un nouveau domino qui semble vaciller au Proche et Moyen-Orient. Le Yémen, petit pays, mais qui pourrait allumer l'étincelle qui va projeter le cours du baril au-delà des 150 $. Les analystes de l'Agora expliquent pourquoi... Le Yémen donc. Un petit pays du Moyen-Orient, voisin de l'Arabie Saoudite et d'Oman, qui a accès à la mer Rouge et au golfe d'Aden. Un producteur de pétrole aussi – environ 300 000 barils par jour – et qui exporte 95% de sa production. L'importance stratégique du Yémen pour le pétrole est cruciale. Outre sa production, le pays voit aussi passer sur son territoire 3 millions de barils par jour en provenance de l'Arabie Saoudite. Autant dire que la production – et l'exportation – de pétrole de la région dépend en grande partie du Yémen. Or depuis plusieurs semaines, le gouvernement yéménite, allié de longue date des Etats-Unis et de l'Arabie Saoudite, doit faire face à une révolte grandissante. Les troubles et la répression – sanglante – ont poussé plusieurs compagnies occidentales à rapatrier leurs employés. Or comme dans la plupart des pays de la région, les expatriés occidentaux assurent en grande partie la production de pétrole. Rappelez-vous ce qui s'est passé en Libye : la principale compagnie occidentale, l'italienne Eni, a évacué ses employés occidentaux et la production de pétrole est passée de plus d'1,5 million de barils par jour à environ 500 000 en quelques jours. Au Yémen, la rébellion est particulièrement importante dans le nord du pays, justement là où sont situés les principaux champs de pétrole. Outre la possibilité de chute libre – voire d'arrêt – de la production yéménite de pétrole, l'autre danger consiste au blocage des indispensables exportations saoudiennes. L'OPEP, qui jusqu'à présent tentait de rassurer les marchés sur sa capacité à augmenter sa production pour compenser la baisse des exportations libyennes ou égyptiennes, est maintenant beaucoup plus prudente. A plus long terme... la pénurie Or le marché du pétrole ne peut pas vraiment se permettre ce genre de soubresauts dans la production. La demande ne faiblit pas et les doutes s'installent sur la capacité des pays producteurs à la satisfaire. Une note d'HSBC a mis le feu aux poudres : dans son dernier rapport sur l'énergie, la banque prévoit une pénurie de pétrole pour 2050... soit à peine un peu moins de 40 ans. En cause : la demande croissante venue des pays émergents. Exemple souligné par HSBC, pour le moment seulement 22 Chinois sur 1 000 possèdent une voiture. Une proportion qui devrait grimper à 350 pour 1 000 en 2050. Très concrètement, cela signifie que le nombre de véhicules circulant en Chine va passer de 30 millions à près de 500 millions d'ici à 2050. Si on prend en compte les 30 premières économies mondiales, le nombre de véhicules passera sur la même période de 700 millions à 1,7 milliard. Même si les véhicules électriques ou hybrides se développent, même si les moteurs consomment moins, une telle croissance ne pourra que s'accompagner d'une explosion de la demande.