Le secteur de la santé traverse une crise. En témoignent les différents reportages TV, articles de presse qui se font l'écho d'un ras-le-bol des citoyens qui dénoncent avec vigueur les disparités criantes qui existent encore de nos jours entre régions. De nos jours, parler de la santé c'est à l'évidence soulever des dysfonctionnements, des aberrations, des égarements, des contraintes, des découragements et tant d'autres problèmes qui sont vécus au quotidien au niveau de bien des hôpitaux de notre pays. Nous ne devons pas nous voiler la face, dire que tout va bien, que nos structures de santé sont parfaites à tous les points de vue. D'abord ce n'est pas vrai, d'autre part et par acquis de conscience, nous disons haut et fort pour que chacun puisse bien nous entendre : non et mille fois non, ça va mal et par endroits très mal même. Le secteur de la santé vit un sérieux malaise, des voix de citoyens se sont élevées à Tiznit, Al Hoceima, Ouarzazate pour ne citer que ces quelques villes. Partout, c'est le même reproche, les mêmes plaintes, le même constat qui est fait : mauvais accueil des patients et de leurs familles, baisse de la qualité des soins, absences répétées et injustifiées de certains médecins, attentes trop longues pour être soigné, manque de certains produits, agissements et comportements contraires à la moralisation des services … Face à toutes ces anomalies qui gangrènent chaque jour un peu plus certains établissements de soins, le diagnostic est sans équivoque. Les hôpitaux sont malades, le mal dont ils souffrent est connu de tous. Il s'agit de tous ces moyens qui sont utilisés par certaines brebis galeuses au sein de certains hôpitaux : corruption à tous les étages, pourrissement des relations soignants – soignés, dépravation, perversion …Autant d'agissements vils dont usent certains professionnels de santé qui salissent et ternissent l'image de marque de nos hôpitaux. On comprend dés lors mieux les réactions de nos concitoyens. Des réactions justifiées, motivées et nous ne pouvons qu'adhérer et défendre les droits de tous ces malades, qui bien souvent ne savent plus à quel saint se vouer au moment ou les responsables du secteur de la santé sont aux abonnés absents. Démocratiser l'accès aux soins A côté des agissements contraires aux principes moraux, à la déontologie et à l'éthique qui sont des fondements de la pratique des professions de santé, mais dont certains ignorent ce que cela veut dire, il y a d'autres facteurs tout aussi importants qui exacerbent les contraintes et le vécu des populations qui s'adressent aux structures de santé. Il s'agit comme chacun peut le deviner de la mauvaise répartition des moyens tant humains que matériels sur l'ensemble du territoire national. C'est la fameuse et non moins légendaire carte sanitaire dont nous entendons parler depuis des décennies, mais qui n'a toujours pas vu le jour. La répartition équitable de tous les moyens humains et matériels sur l'ensemble du territoire national, la qualité des soins, la disponibilité des médicaments, sont quelques uns des éléments du discours officiel qui est certes empreint de bonnes intentions, mais qui en réalité est un mythe, alors que la médecine à deux vitesses est une réalité qui est vécue au quotidien sur le terrain, une réalité qui pénalise les plus pauvres, une réalité choquante dont souffrent les plus démunis, en particulier les citoyens qui habitent les zones périurbaines, bidonvilles, les zones enclavées … Parler aujourd'hui plus qu'en tout autre temps de la santé, c'est à l'évidence soulever le droit de la personne humaine à pouvoir bénéficier de prestations de santé de qualité, dans des structures adaptées, des prestations prodiguées par des professionnels de santé qualifiés. C'est permettre à l'ensemble de nos concitoyens là où ils habitent d'avoir accès aux mêmes soins, aux mêmes médicaments, indépendamment des moyens financiers des uns et des autres. C'est permettre à tous de pouvoir bénéficier des mêmes chances en cas de maladies. C'est veiller constamment à démocratiser l'accès aux soins, c'est permettre à tout un chacun de bénéficier du droit à la santé. C'est aussi pour tous les citoyens la possibilité de jouir d'un état de bien-être physique, psychique et social. Nous ne pouvons pas dire que tout est négatif, loin s'en faut. De belles réalisations ont vu le jour, des hôpitaux flambants neufs ont été construits ici et là. Des efforts considérables ont été consentis, des rallonges budgétaires ont été octroyées. Mais comme dit l'adage : «la plus belle femme au monde ne peut donner que ce qu'elle a» Il faut avouer que Mme la ministre de la santé Yasmina Badou fait de son mieux, mais «Allah Ghaleb». Le système de santé marocain est confronté à l'insuffisance de la dotation du secteur et de l'iniquité dans le financement des soins. En effet, il est aberrant que le secteur de la santé, qui est un secteur vital, à caractère social et de surcroît prioritaire, ne puisse bénéficier que de 5% de la part du budget de l'Etat. Même avec 6 voire 7 %, on ne pourra jamais prétendre bien soigner une population estimée à plus de 30 millions d'habitants. Finalement, dans cette histoire de santé, il n'y a pas de miracle, soit on donne les moyens pour faire correctement la tâche incombant au personnel intéressé face aux nombreux problèmes de santé de la population soit on prie tous les jours le bon Dieu de nous épargner. Et puis pour couper court, il faut savoir que le plus mauvais cadeau que l'on peut faire aujourd'hui à un homme politique ministrable, c'est de lui confier le département de la santé. La santé : Un droit fondamental de tout citoyen Si nous avons à cœur la santé de nos concitoyens, si nous défendons depuis des années le droit à la santé pour tous, si nous militons pour des soins de santé de qualité, si nous luttons du mieux que nous pouvons contre toutes les formes de corruption, de dérives et d'abus, fidèle en cela à notre ligne de conduite, c'est que nous avons l'intime conviction que la santé des citoyens ne saurait se résumer à des discours politiques, à la présentation de chiffres, à l'édification de structures flambantes neuves, ou à l'acquisition de technologies de pointe qui sont autant d'éléments qui ne profiteront qu'à une minorité. De cela nous ne voulons pas, ce que nous voulons, ce que nous souhaitons, c'est l'accès aux soins de qualité pour tous. Ce n'est pas une faveur, un luxe, mais tout simplement un droit. Au PPS, nous avons toujours milité pour que la santé soit reconnue comme un droit fondamental de tout citoyen comme le stipule l'Article 21 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Tout être humain, sans discrimination de quelque ordre que ce soit, doit pouvoir bénéficier en temps utile de soins de santé appropriés. Chacun doit aussi pouvoir être acteur de sa propre santé et peser sur les décisions et facteurs qui déterminent les politiques sanitaires. Les citoyens doivent revoir leur comportement Quant on parle des problèmes liés à la santé ou plus exactement ceux qui découlent de comportements contraires de certains professionnels, nous oublions de dire que le citoyen a lui aussi une très grande part de responsabilité dans ce qui se passe. Soulever l'épineux problème qui mine bien des établissements publics et privés et bien au-delà sous entend : la corruption a toujours existé chez nous comme ailleurs, précisons-le, elle s'est propagée depuis plusieurs années dans la construction (le fameux noir), au sein de certains partis politiques à cause d'un engourdissement de la morale personnelle et publique, de la force des groupes mafieux (certains trafiquants de drogues ont même réussi à se faire élire), du silence coupable d'acteurs sociaux, de l'absence de courage de supposés leaders et du recul de l'honnêteté devant l'appât du gain. Il est plus facile d'être corrompu lorsque la seule éthique qui vaille est de ne pas se faire prendre et de croire que l'honnêteté n'est pas une vertu mais une tare. C'est ainsi que pensent bien des corrompus pour justifier leurs attitudes et leur comportement morbide. Il nous semble que le citoyen a une grande part de responsabilité, bien plus, si les corrupteurs n'existaient pas, il n'y aurait pas de corrompus. Il faut donc que nos concitoyens prennent conscience qu'ils sont partie prenante dans ce processus .Il faut parallèlement motiver les professionnels de santé, augmenter les salaires, donner des primes aux plus méritants, encourager les plus intègres et être sans pitié avec les corrompus. Ce sont là quelques éléments de réflexion que nous soumettons au débat. Nous souhaitons et nous espérons que notre appel sera entendu par celles et ceux qui veulent apporter un plus à ce débat pour le plus grand bien de nos concitoyens et de notre pays. N'hésitez donc pas à nous faire part de vos remarques, suggestions et critiques.