La situation au Conseil de la ville de Casablanca s'apparente à un volcan en ébullition. Jeudi, la session ordinaire du mois de février, concernant notamment l'examen et l'approbation du compte administratif, s'est terminée en queue de poisson. Des élus de l'opposition comme de la majorité ont recouru à toutes les formes de protestation, en manière d'ultimatum contre le maire afin qu'il leur livre les documents nécessaires relatifs aux dépenses et recettes de la Commune urbaine durant l'exercice 2010. Cette condition sine qua non brandie par les élus a été la pierre d'achoppement sur laquelle ont buté les travaux de ladite session. Pourquoi le maire n'a-t-il pas voulu donner accès aux élus à ces documents comme le stipulent les lois de la charte communale ? C'est la question qui est restée sur toutes les lèvres de 10 heures jusqu'à 18 heures, avant que le président du Conseil de la ville, lâché par sa majorité et visiblement affaibli, ne lève la session dans un brouhaha, un scintillement général. Et voilà, la session qui devait être tenue durant le mois de février comme son nom l'indique (session ordinaire au titre du mois de février) s'étend jusqu'à avril, mois durant lequel la mairie est appelée, selon les dispositions de la charte communale, à tenir une autre session ordinaire au titre du mois d'avril. S'ajoute à cette situation de cafouillage, la recommandation du ministère de l'Intérieur, demandant au maire de la ville de tenir la session extraordinaire, qu'il avait suspendue en décembre dernier, en violation flagrante de la réglementation en vigueur. Il s'agit, rappelle-t-on, de la session que le Conseil avait ouvert à la suite des inondations ayant frappé Casablanca vers la fin de novembre 2010. Cela revient à dire que la mairie doit tenir trois sessions durant ce seul mois d'avril. Une première dans les annales de la gestion de la chose locale à l'échelle régionale et au niveau national. Pis encore, cette situation de blocage intervient à un moment où tous les dysfonctionnements qui ponctuent la gestion de la mairie ont été mis à nu ; et des cas de dilapidation de deniers publics et de gestion frauduleuse ont été soulevés. «C'est extrêmement grave. C'est le comble de la mascarade, de la dépravation et de violation des lois en vigueur par des élus qui représentent les citoyens. Les autorités de tutelle sont appelées pour intervenir en vue de remettre le train de la gestion de la chose locale dans la ville sur les rails de la bonne gouvernance», souligne Abdelouahed Souheil, membre du bureau politique du parti du progrès et du socialisme (PPS) et ancien membre du Conseil de la ville de Casablanca. C'est la conclusion tirée par l'ensemble des élus, des citoyens et des représentants des médias ayant assisté jeudi en fin d'après-midi au charivari ayant ponctué la levée de la session. Plusieurs voix de l'opposition comme de la majorité se sont élevées, demandant au ministère de l'Intérieur de diligenter des équipes d'inspection en vue de tirer au clair toutes les affaires soulevées par les élus. Ces voix demandent également au ministère de la justice de donner suite aux conclusions des rapports de la Cour des comptes ayant relevé des dysfonctionnements dans la gestion des affaires de la ville. Au moment où les élus protestaient dans la grande salle du siège de la wilaya et plusieurs citoyens observaient un sit-in à l'extérieur, Allal Sekrouhi, wali, directeur général des collectivités locales au ministère de l'Intérieur et d'autres responsables étaient en réunion avec le wali du Grand Casablanca, Mohamed Halab au premier étage du même siège de la wilaya. Ont-ils entendu ces nombreuses voix qui réclament l'ouverture d'une enquête à propos de ce que des élus de l'opposition comme de la majorité qualifient d'irrégularités et de dilapidation de deniers publics ? C'est la question que l'on se pose.