La situation pénitentiaire au Maroc représente encore des défaillances malgré les efforts importants déployés, estiment les ONG marocaines. Le surpeuplement dans les prisons demeure encore le grand risque. La gestion des pénitenciers a connu une amélioration certaine par rapport au passé, indique Abdellatif Chahboune, vice-président de l'Organisation marocaine des droits humains (OMDH). «Les pénitenciers au Maroc ont enregistré beaucoup d'avancées, sur plusieurs niveau notamment avec la création de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus. Il faut noter que les pensionnaires bénéficient aujourd'hui de beaucoup de services en vue de faciliter leur réinsertion dans la société. Toutefois, la situation est loin d'être reluisante sur d'autres plans. Elle frôle toujours la catastrophe», explique-t-il. Primo, l'entassement que connaissent certains centres est pointé du doigt par cette ONG. Selon ce militant des droits de l'homme, la capacité d'accueil dans certains établissements (Tanger, Oued Law), est fortement dépassée. Ce qui engendre une accumulation des détenus les exposant ainsi à des risques énormes. L'Organisation marocaine des Droits humains (OMDH) met également l'accent sur l'insuffisance de l'encadrement pédagogique et psychologique de la population carcérale. Les conditions nécessaires en matière sanitaire et de salubrité sont toujours en deçà des normes de détention. «Ce qui explique, dans plusieurs circonstances, des cas de décès», ajoute-t-il. Tout en rappelant les importants efforts déployés, le vice-président de l'OMDH, Abdellatif Chahboune estime que la politique pénitentiaire souffre encore de dysfonctionnements susceptibles d'entraver la gestion des établissements pénitenciers. De son côté, Said Bekri, juriste et également membre du bureau national de l'OMDH, salue le travail énorme entamé par l'Administration pénitentiaire au niveau administratif. « Le département de tutelle a instauré une démarche de proximité à travers une politique de délocalisation de décisions. Cette initiative importante, qui se concrétise par la nomination de chefs régionaux, permettra essentiellement de faciliter l'intervention rapide auprès des centres de détention et d'être à l'écoute constante de leurs problèmes », signale-t-il. Sur le plan des infrastructures, l'avocat Bekri rappelle que le département concerné a aussi procédé à l'abandon des anciennes prisons (Tétouan, Fès, Inezgane et Laâyoune) qui représentaient des points noirs dans l'échiquier carcéral et souffraient de l'entassement par de nouveaux établissements correspondant normes internationales. Seulement, rétorque-t-il, l'accès aux centres de détention, par les ONG, n'est pas toujours aisé. «Il est impératif que l'administration pénitentiaire s'ouvre sur les ONG pour leur faciliter les visites et leur permettre de suivre et de contribuer positivement à l'amélioration de la situation», insiste-t-il. Khadija Erriyadi : l'approche sécuritaire l'emporte sur les droits humains De son côté l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) affirme que la situation est alarmante. «L'Etat a choisi une approche sécuritaire dans la gestion des pénitenciers au détriment des droits humains. Ce qui représente une contradiction flagrante avec le rôle initial que devait jouer les prisons à savoir la réinsertion et la correction», souligne la présidente de l'AMDH. Et d'ajouter que plusieurs indicateurs traduisent le retard du Maroc par rapport aux normes internationales, notamment la malnutrition, l'absence d'hygiène et la pratique de la violence, toujours de mise. Riyadi dénonce, par ailleurs, la corruption qui prévaut encore dans le système pénitentiaire et le non respect de la loi de 1998 concernant les centres de détention stipulant la nécessité de garantir les conditions convenables de détention sur tous les plans.