Mohamed Joudar, nouveau dirigeant de son club d'adoption, le Fath Sbata, viendra tenter sa première expérience à la tête d'une ligue, la plus grande au Maroc. M. Joudar remplacera ainsi l'ancien dirigeant, Abdelhadi Islah, homme fort de l'ancienne équipe du Transport urbain, RATC, connue aujourd'hui sous le nom de Mdina Bus. M. Islah, un dirigeant qui a fait ses premiers pas à la ligue, en tant que président à l'aube de l'année 2000, lorsqu'elle s'appelait Ligue de la Chaouia, voulait encore y rempiler mais ses alliés d'hier, aujourd'hui opposants, n'en voulaient rien savoir. C'est dans un contexte plus que tendu que la Ligue casablancaise a donc tenu son assemblée générale ordinaire devenue par la suite extraordinaire. L'enjeu de cette AG annuelle, était de taille pour tous les participants. Les présidents et représentants des clubs réclamaient le changement catégorique, le président souhaitait la reconduction à la tête de «son instance» sous le regard de «ses membres» du comité dirigeant dont certains d'entre eux jouaient le jeu du double face, l'un pour lui et l'autre contre. C'est peut - être la faute professionnelle grave qui lui a coûté son fauteuil de président en ayant fait le choix d'une équipe dont certains jouaient, non seulement le double jeu, mais ne sont pas aptes à diriger au niveau de Casablanca. Des dirigeants qui ont vieilli, d'autres des retraités, et ceux qui occupaient plusieurs fonctions… et qui ne cherchaient que leurs propres intérêts. Pour eux, peu importe l'avenir et le bien de la ligue et ses clubs, les plus larges qui avaient pourtant plébiscité le président Abdelhadi Islah durant les deux assemblées générales écoulées mais qui, aujourd'hui, voyaient autrement. La grogne a été sentie avant l'ouverture de l'actuelle assemblée, très mal débutée. A l'entrée de la salle des réunions, certains opposants au président remercié ont été interdits d'assister à l'AG dont deux d'entre eux sont suspendus à la veille de l'AG. C'est la goutte qui a fait déborder le vase lors des discussions chaudes après l'ouverture de l'assemblée par M. Islah qui a pris tout son temps pour présenter les grandes lignes des travaux de l'AG tout en insistant sur les réalisations de la ligue pendant les récentes années de son second mandat. Mais cette assemblée générale a, paraît- il tourné au règlement de comptes entre clubs lésés et président mal entouré. Cela s'est confirmé lors des interventions qui ont avoisiné le nombre d'une trentaine. Aux premières interventions, l'assistance a imposé le retour des deux dirigeants suspendus pour assister à l'assemblée mais seulement en tant qu'observateurs comme l'a exigé le président Islah qui défendait ladite sanction, légale selon lui. Cela en dépit d'une pétition présentée à l'assistance et signée par la majorité des membres du comité directeur de la ligue faisant état du contraire en affirmant que les membres concernés n'ont pas jugé lesdits dirigeants ni assister à aucune réunion pour les sanctionner. Qui a donc expulsé ces deux dirigeants avant de prendre gain de cause mais seulement avec la casquette d'observateurs à cette assemblée, sachant que l'un d'entre eux est inscrit sur la liste des candidats à la présidence de la ligue… ? Chacun des intervenants a eu le droit de dire ce qu'il en pense et d'exprimer ses évaluations quant au travail et aux tops et flops de la ligue pendant les deux dernières saisons. Cela sans pour autant discuter ni valider les rapports moral et financier. La majorité qui ne les a reçus que le jour de l'AG était unanime quant au non jugement des grandes lignes à discuter surtout celles concernant le rapport financier, agréé pourtant par un commissaire de compte. Pas question pour la majorité qui a exigé le passage du vote par les urnes, un verdict qualifié de coup de théâtre par la minorité et de victoire historique par la majorité, après le refus absolu des rapports moral et financier (68 contre, 18 pour et 5 abstentions). Puis le suspense a continué et la rivalité allait se manifester entre cinq candidats à la présidence. En plus de Mohamed Joudar et son « copain » Abdelhadi Islah, les trois autres sont Ahmed Boulid Idrissi, le dirigeant de plus d'une discipline, le «journaliste»… et l'ancien arbitre, Mohamed Lharz, également ancien arbitre et Mohamed Bensghir, l'ancien dirigeant amateur de l'ancien groupement national dissout par la FRMF qui s'est contentée d'une simple commission fédérale du football amateur au lieu du GNFA. Tous ces candidats n'ont pas dérobé à la règle et la fameuse tradition de se retirer à la dernière minute tout en priant pour que le nouveau président les rescape dans le nouveau comité directeur de la ligue. Abdelhadi Islah qui comptait allait jusqu'au bout, s'est finalement convaincu de ne pas s'aventurer. Il a également préféré s'éclipser avec le moindre dégât face à la « révolte » des clubs et leurs présidents, amis d'hier, ennemis d'aujourd'hui. L'ancien président ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Il a éloigné de ses comptes l'apport favorable des deux grands casablancais, le Raja fort de 12 voix à la ligue et le Wydad qui en a 10. Ces deux clubs qui appportent de l'argent à la ligue contrairement à la majorité des clubs y affiliés, ont jugé utile de le brader et de se ranger derrière le nouveau président, pour le changement adéquat et pour assurer un nouveau souffle à la ligue, où beaucoup de défis et de paris restent encore à remporter, surtout en ce qui concerne la gouvernance financière. Car comment peut-on concevoit qu'une ligue comme celle de Casablanca qui a environ 100 clubs représentés par 458 équipes, (236 équipes pendant la saison 2008 -2009 et 222 clubs en 2009 - 2010), toutes catégories confondues, se tourne avec un budget des plus misérables. Le budget général s'approche de 150 millions de centimes pendant la première saison en 2009 et de 180 millions de centimes en 2010. Faites le compte et aller y comprendre… ! Ce n'est même pas le budget réservé à d'autres compétitions internationales annuellement organisées au Maroc comme le tennis, le golf… ou l'équitation. Voilà donc une grande responsabilité à prendre en considération dans l'espoir de combattre la misère au sein du football des ligues. Un lourd fardeau pour le nouveau président qui devra donc adopter la réforme importante de son mode de gouvernance mais aussi choisir un nouveau comité dirigeant compétent et capable de gérer la ligue d'une manière claire et professionnelle afin de donner le plus qui en fait encore défaut, un plus à ce qui a été réalisé pendant la période de l'ancien président, parti malheureusement sous la tension et la pression très grandes de la majorité écrasante. Un président qui a donné tout son temps à la gestion du football, surtout des ligues et des clubs démunis. Un président qui continue d'exercer mais en tant que membre du Bureau fédéral de la FRMF, bien qu'il soit malade, souffrant et fatigué. Un président qui y croit encore. Il a d'ailleurs contesté les travaux et la manière du vote de l'AG, il a émis ses réserves aussi bien contre le vote des rapports moral et financier refusés par la majorité que l'élection du nouveau président qui a eu la confiance de 85 clubs et qui a bénéficié de 398 voix, un record absolu. L'ancien président abandonné compte faire un appel auprès de la Fédération contestant l'élection du nouveau président qui, selon lui, n'a pas le minima de deux saisons de gestion au sein d'un club pour être légalement élu à la tête d'une instance dirigeante comme la ligue. Quelle sera donc la réaction de la fédération qui, elle aussi, a un président, Ali Fassi Fihri, qui semble-t-il, n'a pas les deux saisons exigées pour exercer au FUS ? Voilà une autre équation à résoudre et un autre dossier à suivre… En attendant, le plus important c'est le changement bien qu'il soit dans la douleur et sous tension.