Le public tétouanais et en particulier les férus de la musique andalouse ont fêté comme il se doit, vendredi soir, le 10ème anniversaire de la disparition de feu Mohamed ben Larbi Temsamani, le dernier grand maître de cet art. Le Mythique Cinéma espagnol, pris d'assaut dès l'ouverture de ses portes par une foule compacte, a vibré, trois heures durant, au son de cette musique interprétée par l'orchestre Mohamed Larbi Temsamanai, sous la conduite de Mohamed Amin El Akrami, et renforcé par les maîtres des orchestres de TangerRabat et Meknès, et last but not least, par le ténor Haj Mohamed Bajaddoub, ce grand maître de chant andalous, ainsi que par Abdeslam Sefiani et Zineb Afilal. Ces derniers ont émerveillé et ébloui un public de fins connaisseurs de cet art qui fait la fierté du Maroc, et qui, tout au long de la soirée, a chanté en chœur avec ces trois stars du chant andalou. Au cours de cette soirée, un vibrant hommage a été rendu à feu Larbi Temsamani, cette figure emblématique qui, avec les deux autres géants Moulay Ahmed Loukili et Abdelkrim Rais, disparus respectivement en 1989 et 1996, avaient gravé en lettres d'or ce style de musique si riche et si raffinée. Feu Larbi Temsamani avait, avant sa mort le 6 janvier 2001 à Tétouan suite à une longue maladie, passé le flambeau à son dauphin Mohamed Amin El Akrami. C'est d'ailleurs à l'initiative de ce dernier, qui a tenu à associer l'Association des parents et tuteurs des élèves du fameux conservatoire de musique de Tétouan, que ce grand rendez-vous de la musique Al Ala a été organisé au grand bonheur du public tétouanais. Né à Tanger en 1919, Mohamed Ben Larbi Temsamani a vécu au sein d'une famille passionnée par la musique andalouse (Al-Ala). Son père était un juge amateur d'art et de poésie andalouse. Cet environnement artistique a joué un rôle très important dans la formation de ce musicien qui, en 1936, a rencontré Moulay Ahmed Loukili, maître incontesté d'Al-Ala, avec lequel il a noué une amitié qui aura duré jusqu'à la disparition de ce dernier en 1989. Nommé directeur du conservatoire de musique de Tétouan par son ami Abdelkhalek Torrès, feu Temsamani, était connu pour avoir introduit d'autres innovations telle l'utilisation d'instruments occidentaux comme la clarinette, le saxophone et surtout le piano en plus des instruments traditionnels de base comme le luth, la darbouka etc. Il avait participé à l'enregistrement de huit noubas pour l'UNESCO en collaboration avec «l'association des passionnés de la musique andalouse», présidée par le défunt Driss Benjelloun Touimi en 1962. Parmi les maîtres qui ont participé à cet enregistrement historique, il y avait Abdelkrim Raïs et Moulay Ahmed Loukili et dans l'enregistrement de deux noubas (Raml Almaya) et (Isbihan) dans «L'Anthologie Al-Ala» réalisée sous les auspices du Ministère des Affaires Culturelles marocaines en collaboration avec la «Maison des Cultures du Monde» de Paris, entre 1989 et 1991. Tombé malade en 1991, Temsamani a abandonné la scène mais a continué de diriger le Conservatoire de musique de Tétouan, une véritable institution datant des années 40 mais qui, selon les organisateurs, risque de perdre de sa splendeur à cause de sa vétusté, d'où l'appel lancé par l'Association des parents et tuteurs des élèves du conservatoire aux autorités compétentes en vue de sa réhabilitation et son réaménagement.