Eric Gerets, 56 ans, est sur le point d'entamer sa mission à la tête des Lions de l'Atlas, l'équipe nationale marocaine. Il affrontera la Libye le 9 février en match amical, avant une confrontation officielle face à l'Algérie en mars. C'est la première fois que le coach belge prend en mains les destinées d'une équipe nationale. Interview. Les joueurs qui boudaient la sélection les saisons précédentes sont de retour. Que s'est-il passé? Eric Gerets : La fédération marocaine a fait de gros efforts pour les accueillir, notamment ceux qui évoluent en Europe. Elle s'est professionnalisée. J'ai sous la main une équipe très impliquée, d'une extrême gentillesse. Et nous avons un objectif commun: le Maroc doit retrouver son rang dans le football africain. Pourquoi cet engouement pour le maillot vert et rouge des jeunes Marocains nés en Europe ou Européens d'origine marocaine? Les résultats, la bonne ambiance. Beaucoup de très bons joueurs ont été séduits par cette dynamique. Il y a eu les trois Montpelliérains, Karim Ait-Fana, Younes Belhanda et Abdelhamid El-Kaoutari qui auraient pu choisir la sélection française, Youssef El-Arabi (Caen) qui a fait ses débuts en Irlande du Nord ou Medhi Carcela du Standard de Liège. On est en bonne voie, aussi, avec le très prometteur Nacer Chaddli (de nationalité belge) de Twente (Pays-Bas). On suit aussi quelques jeunes en Espagne. Ces nouveaux font du bien. Pour créer une équipe, il faut un équilibre entre anciens et jeunes. Je n'oublie pas Youssef Hadji. Malgré ses 32 ans, il a la mentalité d'un gamin de 20 ans. Ça donne envie de le rappeler. On vous dit très proche de vos joueurs… Je recherche le dialogue. J'interviens à l'entraînement, autant pour corriger que pour applaudir. J'essaie de mettre chacun d'eux dans les meilleures conditions. J'ai joué avant eux, je sens comment ils pensent. Quel est l'impact du foot-business? Un joueur reste un joueur. Quand il est sur le terrain, il ne pense pas au paquet de billets qui l'attend s'il marque un but. Et je suis là pour leur rappeler que l'argent ne fait pas tout… Qu'est ce qui vous a décidé à venir au Maroc? Les dirigeants marocains en avaient très envie. Ils ont même attendu huit mois, afin de me laisser le temps de finir mon contrat en Arabie saoudite. De mon côté, je souhaitais cette expérience de sélectionneur. C'est un beau challenge. Avec un tel potentiel, il est impossible que le Maroc continue à perdre. Nous irons à la Coupe d'Afrique pour gagner. Que manque-t-il pour que le Maroc se remette à gagner des titres? La discipline tactique. Les joueurs ont le talent, la fougue, la technique. Il faut canaliser tout ça. C'est mon travail. Quand j'étais en Arabie saoudite, j'ai été confronté un peu au même problème. Sur ce point, j'ai beaucoup appris là-bas.