Il y a dix ans, en l'an 2000, un élève du lycée Lyautey à Casablanca écrit et met en scène une pièce de théâtre au titre évocateur, le 6è projet. Interprétée par les élèves du lycée formant la troupe “Les Esprits vivants”, cette pièce a été une véritable surprise pour les amateurs des arts dramatiques et le professionnels qui on pu la voir. On a alors parlé d'un metteur en scène en devenir. D'un adolescent qui a de l'avenir. Pourvu qu'il persévère et qu'il confronte son talent inné aux règles scientifiques et artistiques qui régissent le monde du théâtre et par delà du cinéma. Et c'est c qu'a fait notre jeune réalisateur, antif de Neuilly su scène il y a à peine 28 ans. Talla Salami, puisque c'est de lui qu'il s'agit, une fois son baccalauréat en poche, il s'installe à Paris où il entame des études en arts et spectacles à l'université de la Sorbonne, Paris I. Il décroche trois plus tard sa licence avant d'enchaîner avec le Master en cinéma. Les réalisations ne tardaient pas à se faire jour. Et comme dans la pièce Le 6 projet, les films de Talla Salami reflètent cette angoisse qui taraude les jeunes d'aujourd'hui, avec un penchant avéré, voire une obsession pour le fantastique et le cinéma du genre. En fait, Talal Selhami n'aime pas les choses simples. En plus, le fantastique l'a toujours séduit. Il est incollable sur le cinéma américain fantastique des années 70 et 80. Après avoir réalisé quatre courts-métrages, dont un inspiré de Scream, il signe Sinistra, où il parle de ses thèmes préférés: les bandes dessinées, les monstres et le fantastique. Sinistra a bénéficié de l'aide de Festiv'art, le festival de Limoges. Le scénario, écrit par Cyrill Roland, a immédiatement accroché les organisateurs, qui n'ont pas hésité à débloquer une somme d'argent et à offrir un soutien technique. Avec ses courts métrages, Talal Selhami a participé à de nombreux festivals en Italie, en Espagne et il est sélectionné au festival de Montréal. Le sésame du septième art lui sourit. Le talent est au rendez-vous. Mais la meilleure rencontre de sa vie, Talal Selhami l'a faite avec Nabil Ayouche, cinéaste novateur et directeur de la maison de production cinématographique, Ali'n Productions. De cette rencontre, est né un film qui fait déjà beaucoup parlé de lui puisqu'il représente le Maroc à la dixième édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM). Le film s'intitule Mirages et il est coproduit par Ali ‘n productions et la SNRT. Dans ce film, qui sera projeté mardi 7 décembre 2010, Talal Selhami s'arrête sur les tourments de la jeunesse, ses problèmes de chômage et ses horizons bouchés. C'est l'histoire de cinq personnes aux profils très différents qui se retrouvent en compétition pour décrocher un emploi prestigieux dans une multinationale qui vient de s'installer au Maroc, appelée Matsuika. Ce qui était censé être un simple entretien pour décrocher un job, devient un concours de survie. Les candidats doivent embarquer à bord d'un minibus dépourvu de vitres et se lancer dans une aventure pour le moins incertaine. Un accident survient et ils se retrouvent en plein désert, qui, du coup, devient l'un des personnages les plus puissants de ce thriller psychologique, avec de belles références au cinéma fantastique. Les cinq personnages restent groupés, mais chacun est seul face à lui-même. Le périple pour l'embauche devient une lutte acharnée pour sauver sa peau et rester en vie. Chacun est alors confronté à ses propres démons. Et c'est là la force d'un film qui sort des sentiers battus et propose au public un genre novateur, jamais vu au Maroc. À mi-chemin entre cinéma fantastique, film d'horreur, thriller psychologique, le tout mâtiné de lucides pointes d'humour. Pour ce film, Talal Selhami a choisi de jeunes talents de renom, qui ont pu s'imposer ces deux dernières années dans le paysage cinématographique marocain. L'étrange et le surnaturel, c'est l'univers cinématographique de Talal Selhami. Ce cinéaste qui séduit les membres du comité de sélection du FIFM par son talent et par la force de son caractère et que reflète si bien à la fois le cadrage et le choix des paysages, a le physique d'un athlète. Un athlète au regard perçant. Féru de l'image, Talal Selhami saisit l'instant pour le faire vivre à jamais. La narration filmique se marie aisément avec le décor. A la fois poétique et énigmatique. Perfectionniste, Talal Selhami ne laisse rien au hasard. Ses références cinématographique puisent dans tout ce qu'il y a de grand (Scorsese, Spielpberg ou encore Copola). Sa manie de la clarté des traits de l'image renvoie plutôt aux classiques (Esinstein notamment). Avec sa sélection au FIFM, c'est une porte ouverte sur le monde qui a été donnée au jeune réalisateur pour son premier long métrage. Gageons qu'il en fera meilleur usage pour le meilleur du cinéma marocain.