D'éminentes personnalités marocaines et étrangères ont mis en exergue, mardi à Essaouira, la richesse intellectuelle, les qualités humaines et la fierté d'Edmond Amran El Maleh de sa marocanité. Dans des déclarations à la MAP en marge des obsèques d'Edmond Amran El Maleh, décédé lundi à Rabat à l'âge de 93 ans, les intervenants ont été unanimes à souligner l'apport considérable du défunt à la pensée marocaine, notamment dans les domaines de la littérature et de l'art. Le défunt était à la fois un intellectuel engagé, un penseur, un chercheur, un critique, un pédagogue et un fervent défenseur de l'identité marocaine, ont-ils souligné. Le poète Salah El Ouadie a indiqué que le regretté, au delà de la valeur créative de ses écrits, représente l'exemple de la symbiose de la personnalité marocaine dans toutes ses dimensions civilisationelles, culturelles, linguistiques et cultuelles, ajoutant que le défunt a su incarner cette personnalité dans son vécu quotidien. De son côté, Serge Berdugo, président de la communauté israélite du Maroc, a souligné que les obsèques d'Edmond Amran El Maleh montrent que le Maroc est un pays de tolérance et de paix où juifs et musulmans ont su coexister, ajoutant que le défunt était un penseur fier de sa marocanité dans ses multiples facettes. Mme Leila Chahid, déléguée de la Palestine auprès de l'Union européenne, a pour sa part, relevé que le regretté a trouvé dans ses racines judéo-marocaines la force de rappeler que ce pays est la terre de tous ceux qui l'ont habité, qu'ils soient berbères ou arabes, juifs ou musulmans, arabophones ou francophones. «Son patriotisme commençait au Maroc et arrivait jusqu'en Palestine», a-t-elle dit, notant que «ses écrits constituent un patrimoine réel qui relate une période du Maroc de la paix et de la tolérance». M. Larbi Messari, écrivain et journaliste a fait savoir que le défunt était fier de son patriotisme et de son militantisme en faveur de la cause palestinienne, relevant qu'était un penseur de renom qui a su montrer son amour et sa passion pour son pays, le Maroc. «Dans ses écrits, Edmond Amrane El Maleh se démarque essentiellement par sa rénovation thématique et formelle du dire romanesque au Maroc», a-t-il noté, soulignant que la présence juive au Maroc était une question capitale dans son imaginaire. De son côté, Mme Touriya Jabrane, ancien ministre de la Culture, a noté que le défunt était un grand penseur nationaliste, qui a aimé son pays et a été fidèle à la cause palestinienne, estimant que ses écrits témoignent de son patriotisme et de son militantisme. Même son de cloche du côté de M. Rachid Benmokhtar Benabdellah, président de l'Observatoire national du développement humain, qui a fait remarquer qu'Edmond Amrane El Maleh était un homme de grand cœur et un exemple de loyauté et d'honnêteté intellectuelle, relevant que «son esprit va survivre à travers tout ce qu'il a écrit». Juan Goytisolo : «El Maleh, témoin exceptionnel de l'histoire contemporaine» Le grand écrivain marocain Edmond Amran El Maleh, décédé lundi à Rabat à l'âge de 93 ans, était un «témoin exceptionnel de l'histoire contemporaine» du Maroc, a affirmé l'écrivain espagnol Juan Goytisolo. Avec son patriotisme et son attachement sincère aux valeurs de citoyenneté, le défunt a toujours fait preuve d'engagement en faveur de la défense de l'indépendance du Maroc et de sa culture ancestrale, a souligné Goytisolo dans une tribune à la mémoire du grand écrivain, publiée par le journal «El Pais». Selon Goytisolo, la production littéraire d'El Maleh illustre la valeur intellectuelle du défunt et ses qualités humaines, ainsi que la richesse culturelle du Maroc, faisant observer que le lecteur marocain était au centre des priorités d'El Maleh. Fort de ses convictions et de sa défense des causes justes, le défunt a toujours exprimé son engagement en faveur de la lutte du peuple palestinien, souligne Goytisolo, fils adoptif de la ville de Marrakech. Natif de Safi en 1917 d'une famille juive marocaine, Edmond Amran El Maleh a enseigné la philosophie et exercé le métier de journaliste à Paris. A partir de 1980, il se met à écrire une série de romans et un recueil de nouvelles. Parmi ses nombreuses œuvres figurent «Parcours immobile» (1980), «Ailen ou la nuit du récit» (1983), «Mille ans, un jour» (1986), «Jean Genet, le Captif amoureux et autres essais» (1988), «une femme, une mère» (2004), ou encore son dernier ouvrage «Lettres à moi même». En 1996, il se voit décerner le Grand Prix du Maroc pour l'ensemble de son œuvre. Les obsèques d'Edmond Amran El Maleh ont eu lieu, mardi dernier à Essaouira, en présence de M. André Azoulay, Conseiller de SM le Roi.