De l'avis général, le Secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme a fait preuve «d'audace», de «franc parler » et de «parler vrai », mardi soir à l'émission «Hiwar» (Dialogue). Mohamed Nabil Benabdallah a abordé plusieurs questions d'actualité et répondu aux questions des journalistes invités de l'animateur Mustapha Alaoui, Maria Bakrim (Hebdomadaire Al Ayamm) Safi Naciri (SNRT) et du politologue Manar Slimi. L'émission a été focalisée sur le PPS et sa politique des alliances, la question du Sahara marocain et le problème récurrent du nomadisme politique, à côté d'autres questions, comme celle relative au parti pris anti-marocain de la chaîne qatarie, Al Jazira ou encore sur les droits de l'Homme. Chronologiquement, Nabil Benabdallah, abordant la question saharienne, a d'emblée fait les points sur les «i». «Le Maroc est dans ses droits. Le Maroc est dans sa terre, récupérée, il y a 36 ans. La proposition d'autonomie est un grand acquis» et jouit d'une grande estime et compréhension au niveau de la communauté internationale. «Il faudra la conforter pour imposer une solution politique définitive». Car, «les adversaires du Maroc exploitent toutes les opportunités, y compris le climat démocratique prévalant au Maroc» pour porter préjudice à la cause nationale des Marocains. Pour le Secrétaire général du PPS, le combat se situe à trois niveaux : le volet médiatique, le volet diplomatique et le volet intérieur. Pour cela, il faudra « rester unis et attachés au droit et aux acquis». Ces constances ne doivent pas « être remises en cause à chaque fois qu'un problème apparaît », affirme-t-il, ajoutant qu'il faudra, «par le dialogue, dépasser les problèmes internes et renforcer le front intérieur». Parallèlement, «un intérêt particulier devra être accordé aux problèmes économiques et sociaux » dans nos provinces sahariennes. Dans ce cadre, en réponse à une question sur le campement dans la banlieue de Laâyoune, Nabil Benabdallah a souligné que «face à la politique de lutte contre les trafics» de tous genres, il est normal que cela ait des incidences sur la situation de certains milieux. Il a avancé que «le chômage a atteint 28%» dans ces provinces… D'autre part, à l'instar d'autres régions du pays, «le déficit en logements et le manque d'emplois», que les habitants du campement d'Izik de Laâyoune pointent du doigt, devra trouver «une issue par le dialogue». Le SG du PPS est allé au fond de ces problèmes, en soulignant le décalage entre les autres régions et nos provinces méridionales « où le nouveau concept de l'autorité » peine à trouver son chemin. A cet égard, il s'est interrogé sur le fait que «les autorités locales soient surprises par le campement, qui a commencé avec quelques milliers de protestataires, sans que les services compétents ne s'en rendent compte, pour atteindre d'autres chiffres plus importants…». Nabil Benabdallah a mis le doigt sur les dysfonctionnements de l'appareil administratif local qui souffre d'anomalies à corriger et émis, encore une fois, l'espoir que ce problème soit résolu « rapidement et par le dialogue». Le second axe qui a retenu l'attention de l'animateur de Hiwar et de ses invités a trait au PPS et à sa politique des alliances. Réfutant la thèse selon laquelle deux courants politiques traversent le PPS, il a démontré qu'un courant politique se définit par une plate-forme politique et un programme économique. Le dernier congrès national n'a adopté qu'un seul document politique et un programme économique qui constituent tous les deux l'orientation officielle du parti. Plus encore, le Bureau élu, un mois après, n'a suscité «aucune contestation ou critique ni n'a été mis en doute». Sur la question des alliances, le SG du PPS a précisé, suite à une question sur les rapports avec l'USFP, que « les différences se situent au niveau de la démarche ». L'initiative prise d'aller à la rencontre des partis proches, «est destinée à dynamiser la Koutla démocratique, face à l'inquiétante situation politique». Même avec les partis de gauche, «la majorité aux élections n'est pas acquise». Il faudra donc «aller vers le peuple de gauche pour recréer un mouvement de gauche de poids, face à la dépréciation actuelle de l'action politique». Le leader du PPS a estimé que le pays a besoin « de redorer le blason du travail politique » en favorisant «l'émergence de compétences partisanes capables de donner un sens à cette action en luttant contre l'utilisation de l'argent lors des élections et la transformation des consultations populaires en une Bourse des voix». Il a également plaidé pour une «plus large alliance afin de concrétiser le projet moderniste démocratique » auquel le PPS aspire et pour la création d'«un véritable mouvement de gauche doté d'une grande capacité de mobilisation». Par ailleurs, N. Benabdallah a estimé qu'avec le PAM, à l'instar des «partis sérieux » avec lesquels la Koutla démocratique est alliée au gouvernement depuis 12 ans (et personne ne trouve à rechigner), le PPS peut nouer une alliance avec le PAM sur la base d'un programme politique et économique, et d'actions concrètes en faveur de la démocratie et du progrès économique et social». D'autre part, le problème de nomadisme politique a été également soulevé par les journalistes. Nabil Benabdallah a affirmé que « le PPS en est une victime. De 17 députés en 2007, il s'est retrouvé avec 10 en 2010. Le FFD, principal allié dans le groupe parlementaire, en a perdu 6 pour n'en compter que 3». Il a expliqué, à ce propos, qu' «il est difficile pour des hommes et des femmes de résister aux tentations de faire face aux pressions et de garder leur honnêteté». Ce qui dicte «une réaction efficace» de la part des pouvoirs publics face à «ce phénomène qui menace sérieusement l'avenir du Maroc, ajoutant que, si rien n'est fait immédiatement dans ce sens, il ne faudra pas s'étonner, un jour, de voir le projet de loi de Finances adopté grâce à l'achat des voix…». Enfin, Nabil Benabdallah a réfuté l'idée de parachuter des scénarii sur la configuration du champ politique et mis en garde contre «ses conséquences désastreuses».