Les pressings vont devoir laver leur linge sale en public. Face au nombre croissant d'enseignes se réclamant «écologiques», la mairie de New York prépare une réglementation pour éviter les allégations mensongères. Sera notamment passée au crible de cette loi l'utilisation de perchloroéthylène, un solvant cancérogène et polluant souvent utilisé pour le nettoyage à sec des tissus. Un solvant cancérogène utilisé par 98% des pressings Trop souvent, les pressings new-yorkais se contentent de recycler les cintres ou les sacs plastiques, rapporte le New York Times. Or, le principal impact du nettoyage à sec sur l'environnement et la santé provient du perchloroéthylène: utilisé par 98% des pressings en France, ce solvant a pourtant été classé cancérogène par l'Union européenne et ses effets toxiques ont été démontrés par plusieurs études de l'INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles). Les employés des pressings le savent: le «perchlo» provoque des irritations des voies respiratoires et a des effets neurotoxiques qui fragilisent le système nerveux. Et le «perchlo» a également des effets néfastes sur l'environnement: les vapeurs qui s'échappent des machines de nettoyage se retrouvent dans l'air et les boues chargées de «perchlo» voyagent dans les égouts jusqu'aux stations d'épuration dont elles peuvent perturber le fonctionnement. Les pressings de la seule région parisienne rejettent 860 tonnes de «perchlo» chaque année dans la nature. Pétrole ou CO2 pour nettoyer les vêtements Il existe heureusement des alternatives au «perchlo». Le siloxane (aussi appelé D5), utilisé notamment par la chaîne de pressings Sequoia et la plupart des pressings «écolos» qui voient le jour, est un composé de silicone sans odeurs, ne produisant pas de vapeurs toxiques et dont le pouvoir détachant est équivalent à celui du «perchlo». Seul bémol: il s'agit d'un dérivé du pétrole, dont les impacts sur l'environnement se situent bien en amont de la machine à laver. Puisqu'on émet trop de CO2, pourquoi ne pas l'utiliser pour nettoyer les vêtements? Un procédé développé aux Etats-Unis permettrait de récupérer les émissions de CO2 des industries pour le transformer en un détergent non toxique. Autre méthode, le nettoyage «au mouillé», utilisant de l'eau et des détergents biodégradables, a également été testé. Ce procédé plus traditionnel nécessite toutefois plus de temps et de main d'œuvre, car les vêtements doivent être surveillés de près pour ne pas se détériorer ou rétrécir lorsqu'ils sont plongés dans l'eau. Pas de solution 100% écologique et efficace pour l'instant Selon un rapport de l'Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques), ces technologies innovantes ne sont pas sans inconvénients: le nettoyage au mouillé ne permet pas d'enlever certains taches, le siloxane, inflammable, créé un risque d'incendie, et le CO2 présente des dangers pour la sécurité à cause du système à haute pression qu'il utilise. Avant que les pressings ne trouvent une bonne solution écologique et non toxique, il est conseillé d'éviter de respirer le «perchlo» en faisant prendre l'air à ses vêtements avant de les porter lorsqu'ils sortent du pressing. Quant à l'environnement, entre les solvants des pressings et la consommation d'eau des machines à laver familiales, il risque de ne pas ressortir plus propre du lavage pour encore quelques temps. Audrey Chauvet