Mettre à la disposition de l'ensemble des citoyens Marocains là où ils se trouvent des prestations de soins de qualité, permettre à chaque femme de pouvoir accoucher en toute sécurité au sein d'un milieu spécialisé, faire en sorte que l'accès aux médicaments soit une réalité pour tous, autant de préalables pour garantir le droit à la santé pour l'ensemble des Marocains . Mais qu'en est-il de la réalité ? La santé est un enjeu de justice et d'équité, quoi de plus normal, de plus logique. A l'évidence personne ne peut dire le contraire. Dans les plus grande démocraties du monde à quelques exceptions prés, les prestations de santé mises à la disposition de l'ensemble des habitants sont les mêmes pour tous, indépendamment des moyens financiers des uns et des autres, du lieu où ils habitent, de leur couleur de peau et de leur religion. Pour remplir comme il se doit cette mission, ceux qui président aux destinés de leurs concitoyens n'hésitent pas à mettre tout en œuvre pour réaliser ces objectifs. Vu sous cet angle, cette approche qui place l'individu au centre des préoccupations des gouvernants est un haut degré de civilisation. En effet quoi de plus logique que d'investir dans la santé des individus quels que soient leur statut social, leurs moyens ou lieu de résidence. C'est la plus belle leçon de justice sociale qui puisse exister. Qu'il s'agisse des problèmes liés à une juste répartition des moyens humains ou matériels, de prévention ou d'une distribution équitable des soins, c'est un droit de la personne humaine tel que le précise la charte des droits de l'homme. En tant que tel, ce droit doit en principe être le même pour tous, sans distinction aucune. Au Maroc, la santé des citoyens est du ressort du ministère de la Santé qui en assume la charge. Si ce ministère n'arrive pas à assumer pleinement ses responsabilités où qu'il faillit à ses prérogatives, il doit en principe en assumer totalement la responsabilité. Dans ces conditions, on est en droit de poser certaines questions : la répartition et l'affectation des médecins obéit-elle à des critères ? Si oui, on serait curieux de savoir pourquoi il y a une pléthore de médecins spécialistes en gastro-entérologie, en médecine interne, des traumatologues, des gynécologues à Rabat et Casablanca (dans le secteur public) ? Alors qu'ailleurs il y a un manque cruel de ces mêmes ressources humaines. N'est ce pas là une forme d'injustice ? Nous sommes tous conscients qu'un très grand nombre de nos concitoyens rencontrent aujourd'hui de réelles difficultés pour accéder aux soins, que ce soit pour trouver un médecin généraliste, un spécialiste ou un professionnel de santé. Cette situation est quotidiennement vécue par les habitants des zones difficiles d'accès et parfois même en milieu urbain. Y a-t-il plus grande injustice que celle de ne pouvoir être soigné quand on est malade ? Que peut ressentir un homme qui assiste impuissant à l'agonie de sa femme parce qu'il n'y a pas de gynécologue pour pratiquer une césarienne ? Quel peut être l'état d'âme d'un citoyen obligé de faire des dizaines de kilomètres à dos d'âne pour se rendre au dispensaire ou au centre de santé le plus proche, alors que son enfant a une forte fièvre ou mordu par un chien, une vipère ou un scorpion . Les citoyens lésés ont manifesté leur colère, les syndicats les plus représentatifs du secteur de la santé ont tous réagi, les représentant de la nation au niveau des deux chambres n'ont pas cessé d'interroger et de s'interroger eux- même sur ces anomalies. Pour trouver des solutions à cette situation, plusieurs ministres se sont essayés sans grands résultats hélas et à ce jour le problème de la mauvaise répartition des médecins sur l'ensemble du territoire national est encore posé. Si rien de concret n'est entrepris, ce problème ne fera qu'empirer dans les années à venir. Il n'y a pas de fatalité à voir apparaître les déserts médicaux comme ils en existent aujourd'hui, surtout en milieu rural. C'est donc pour remédier à toutes ces inégalités choquantes et surtout très pénalisantes dont sont victimes de pauvres citoyens marocains qui sont souvent démunis, n'ayant aucune couverture médicale que des actions concrètes doivent voir le jour. Pour ce faire il est essentiel d'opter pour la transparence la plus totale en ce qui concerne l'affectation des ressources humaines. Il devient urgent de doter les régions ou il y a un manque de médecins, d'infirmiers, là où le besoin est réel afin de mettre en place un système d'accès aux soins plus juste, plus équitable et donc plus humain . Il y'a à l'évidence un besoin vital en matière de ressources humaines qualifiées (médecins, gynécologue, cardiologue, néphrologue, chirurgien, anesthésiste, radiologue, infirmières, sage-femme…), mais les moyens existant ne sont pas répartis équitablement et afin de remédier à toutes les disparités existantes, il devient urgent de procéder à un redéploiement et à une répartition plus juste, plus harmonieuse des professionnels de santé sur l'ensemble du territoire national. C'est aujourd'hui une priorité à laquelle doit répondre le département de la santé.Ca ne sera que justice.