L'organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) célèbre, à Vienne en Autriche, son cinquantième anniversaire. Cette organisation reste le seul exemple d'un cartel ayant réussi à orienter durablement les prix, en dépit de ses failles et de ses tiraillements internes. Pour rappel, l'organisation a vu le jour lors d'une conférence qui s'est tenue à Bagdad, du 10 au 14 septembre 1960. À sa création, l'Opep compte cinq membres (Iran, Irak, Koweït, Arabie saoudite, Venezuela). Dans la foulée de la décolonisation, les pays producteurs veulent reprendre en main leurs ressources naturelles. Ils souhaitent peser face aux grandes compagnies pétrolières occidentales qui tiennent le marché. Les pays membres cherchent à imposer un meilleur prix en se mettant d'accord sur des volumes de production. Les cinq membres fondateurs ont, depuis, été rejoints par le Qatar, la Libye, les Emirats arabes unis, l'Algérie, le Nigeria, l'Equateur et l'Angola. L'Opep dispose d'un siège permanent à Vienne. L'organisation s'est véritablement imposée en annonçant, en 1973, pendant la guerre de Kippour, un embargo contre les pays soutenant Israël, ce qui a entraîné un quadruplement des prix. L'organisation fait-elle le prix du baril ? L'Opep ne contrôle pas le prix du pétrole, en dépit de ses ambitions, écrit le journal « La Croix », dans son édition d'hier. Mais elle pèse fortement sur le marché. En effet, de gros pays producteurs ne font pas partie de l'Opep : la Russie (2e producteur mondial) ou les Etats-Unis (3e). Les pays membres de l'Opep ne produisent en fait que 40 % du pétrole mondial. Par ailleurs, l'organisation reste fragilisée par d'importantes divisions internes. Les quotas de production alloués à chacun des membres sont rarement respectés. L'Iran, l'Algérie et le Venezuela jouent aux moutons noirs. L'Arabie saoudite, le Koweït et les Emirats arabes unis tentent de jouer le régulateur du marché, produisant à eux trois quasiment autant que l'ensemble des autres pays membres. Par ailleurs, les chiffres sur les réserves de pétrole annoncés par les pays membres ne font l'objet d'aucune expertise indépendante et sont considérés comme peu fiables. De plus, les pays membres s'opposent sur leur attitude vis-à-vis des Etats-Unis. Tout cela provoque des divisions internes et rend l'adoption de décisions plus difficile. Poids sur l'économie mondiale L'Opep reste le seul exemple d'un cartel capable de peser aussi durablement sur les prix d'une matière première. La Russie s'efforce aujourd'hui de créer une « Opep du gaz ». Mais ce processus n'en est qu'à son début. Les décisions de l'Opep sont à l'origine d'une montée des prix du pétrole qui ont créé un choc pour les économies développées, dans les années 1970. L'Opep se défend d'être à l'origine de la crise en expliquant qu'elle joue un rôle régulateur, assurant un approvisionnement régulier et une évolution contrôlée des prix. Ainsi son secrétaire général, dans un message diffusé pour le cinquantenaire, s'attribue-t-il un rôle dans le redémarrage mondial de l'économie à l'issue de la récente crise : « Nos mesures (en 2008-2009) n'ont pas seulement maintenu les prix et restauré un peu de stabilité sur un marché volatil, elles ont aussi conduit à soutenir la reprise économique mondiale. Tout cela confirme l'Opep comme l'une des institutions les plus influentes dans le monde », écrit Abdalla Salem El Badri. De fait, si le cours du pétrole a connu une flambée, entre 2003 et 2008, avec un pic à 147 dollars, cette inflation est surtout due à la demande croissante des pays émergents. L'Opep souhaite plutôt maintenir le cours à un niveau acceptable, s'inquiétant de la « révolution verte » annoncée dans les pays occidentaux.