Comment évoquer leur simple existence et ne pas avoir la chair de poule?! Comment ne pas se sentir gêner rien qu'en prononçant les quelques lettres qui forment leur nom?! Nass El Ghiwane n'est pas un simple nom de groupe. C'est toute une vie légendaire qui continue de bercer des générations en mêlant aujourd'hui à autrefois. Ils sont cinq à lever le drapeau de la révolution artistique. Ils ont toujours été cinq. Dès les premières percées des années 70, Omar Sayed et Boujemaa -dit boujmiî-, tous deux issus des bas fonds de Derb Moulay Chrif, fondèrent le groupe avec la bonne volonté de Larbi Batma, enfant de Kariane Jdid. Sans oublier l'aide considérable de Mahmoud Saadi et Aziz Tahiri, qui seront remplacés rapidement par Allal Yaala et Abderahmane Paco. Les grands mythiques du patrimoine marocain purent facilement captiver toute une foule assoiffée de liberté dès leur première consécration au théâtre Mohammed 5 à Rabat en 1971 après pas mal de hauts et de bas durant leurs débuts au sein de la maison de jeunes du Hay El Mohammadi, leur quartier populaire casablancais d'origine. Les qualifier de géants c'est malheureusement peu dire en vers cette grandeur nature qui ne manqua jamais de satisfaire une jeunesse blessée et meurtrie au cœur des années noires du Maroc. Leur chant euphorique, mélangeant modernité et tradition, représentait un nouveau souffle de vie en traitant les calvaires, la souffrance et les malheurs d'une génération opprimée et persécutée. Leurs paroles mélancoliques et pleines de bon sens promettaient et militaient pour un Maroc nouveau. «Lebtana», «çiniya», « Fine ghadi biya a khouya» ou encore «Sabra et chatila» sont tous l'unique témoin de leur splendeur, leur originalité et leur art pur et dur. Ils ont sans aucun doute mérité leur surnom de «Rolling stones de l'Afrique» affirmé par Martin Scorsese en personne. Le son de leur gembri, leur tam tam et leurs instruments résonnent encore dans les oreilles de petits et grands. Leurs poèmes sont fredonnés partout dans le monde. Aujourd'hui, le groupe se produit encore sur des scènes nationales et internationales sous l'emblème d'Omar Seyad, Yaala et les frères Batma, Rédouane et Rachid, et continuent à cumuler le succès. Malheureusement, Paco a préféré se retirer et le monde musical a perdu deux de ses grands génies d'écriture et de composition, Boujmiî et Larbi Batma, paix à leurs âmes. Mais cela n'a rien enlevé du charme ghiwani encore vivant flamboyant parmi des artistes de nouvelle génération, grâce à son dernier né «Nahla Chama». Celui ci a prouvé que Nass El Ghiwane n'a rien perdu de son mélange original de chant et de poésie, que seuls les membres détiennent le secret. Toujours animés par leur rage envers leur patriotisme marocain, Nass El Ghiwane occuperont à jamais une grande place dans le cœur des marocains et resteront gravés dans leur mémoire. Finalement, ils sont indéniablement une fierté nationale et un trésor unique. Source :http://www.emazika.com/