La destination Maroc semble être la moins séduisante en Afr ique pour les capitaux étrangers. Du moins pour l'année écoulée où le classement du pays a régressé à la douzième position à l'échelle africaine. En valeur relative, la chute des IDE vers le pays a été, de loin, supérieure à la moyenne mondiale, selon les indications fournies par le dernier rapport sur les investissements de la Conférence des Nations-Unies pour le commerce et le développement. Des obstacles structurels à l'investissement semblent handicaper l'attractivité du pays. L'Agence marocaine pour le développement des investissements (AMDI) a mis en place une stratégie pour l'attraction des capitaux étrangers. Après le repli de 2008, une chute, plus importante des IDE dans le monde, est constatée pour 2009. Les flux ont atteint 1114 milliards en régression de 37 % par rapport à une année auparavant. Dans les économies développées et celles en transition, la baisse était la plus brutale à hauteur de 44 % et 43 % consécutivement, à 566 et 70 milliards de dollars pour chaque groupe, tandis que les économies en voie de développement accusent une baisse moins importante de l'ordre de 24 % à 478 milliards de dollars. Selon la CNUCED, le repli est dû à «la chute des fusions-acquisitions, qui sont particulièrement sensibles à la conjoncture financière». La même source relate l'émergence d'un fait nouveau concernant les économies en développement et celles en transition qui, désormais, représentent la moitié des flux sortant et le quart des flux entrant et sont représentées parmi les principales économies de destination et d'origine. Ainsi, parmi les dix premiers pays destinataires, figurent la Chine, Hong Kong, Russie, Inde et Arabie saoudite. De même, on trouve ces mêmes pays parmi les dix premiers pays source. Pour ce qui est de l'Afrique, elle a pu attirer un flux de l'ordre de 59 milliards de dollars, en baisse de 19 %, se situant beaucoup loin derrière l'Asie (401 milliards) et l'Amérique latine (117 milliards). La contraction de la demande globale en plus de la chute des prix des matières premières sont la principale explication de la performance du continent noir. Et sur les douze principaux pays récepteurs des IDE, le Maroc occupe la dernière position avec seulement 1,331 milliard de dollars. Il est de loin devancé par l'Egypte, l'Algérie, la Libye et la Tunisie. Pour l'économiste Abdesselam Seddiki, le montant des IDE réalisé au Maroc, même s'il est modeste, est relativement élevé par rapport au dimensionnement de l'économie. La baisse s'explique, à son avis, par la nature des IDE réalisés dans le pays. Les secteurs touchés par la baisse des IDE sont essentiellement l'immobilier, le tourisme et le secteur bancaire. Ce sont les secteurs attractifs des capitaux étrangers qui sont touchés par la crise économique mondiale. Selon Seddiki, le foncier, la justice, la fiscalité, la gouvernance administrative sont les facteurs qui entravent les investissements tant nationaux qu'étrangers. Et pour améliorer l'attractivité du pays, il faudrait, précise Seddiki, agir sur ces facteurs, en plus du maintien d'un cadre macro-économique sain, d'une transparence des procédures, d'une logistique performante et des ressources humaines compétentes. Pour lui, il faut aussi se hisser au niveau des standards internationaux en matière de l'Etat de droit. Les pouvoirs publics semblent conscients de leurs freins à l'attraction des capitaux étrangers. Sur la base d'une étude sur ce sujet, l'AMDI a mis en place une stratégie de promotion et d'attraction des IDE vers le pays. Le Ministère du commerce et industrie prévoit la mise en place de plates-formes industrielles intégrées dans différentes régions.