Nabil Bousaadi Ce lundi 2 Septembre, le monde entier avait le regard tourné vers la Mongolie où le président russe Vladimir Poutine était attendu pour une visite d'Etat de vingt-quatre heures dans cette ancienne république soviétique, enclavée entre la Russie et la Chine, qui, non seulement, n'a pas condamné l'offensive lancée par la Russie contre l'Ukraine mais s'est, également, abstenue lors des votes sur ce conflit à l'ONU. Rien de plus normal puisqu'il s'agit quand même du déplacement du chef d'Etat d'une grande puissance, mais là où le bât blesse, c'est qu'en mettant en avant le mandat d'arrêt de la Cour Pénale Internationale qui le vise, depuis mars 2023, pour des suspicions de disparition illégale d'enfants ukrainiens vers la Russie, ce déplacement est apparu comme étant un geste de défiance envers la CPI au moment où plusieurs capitales occidentales, arrimées au char américain, réclament son arrestation et qu'une pléthore de journalistes, venus de tous les coins de la planète, attendaient, caméras à la main, d'immortaliser le moment où, à sa descente d'avion, à Oulan-Bator, Vladimir Poutine allait être arrêté pour être remis à la CPI. Mais rien n'y fit et leur déception fut grande car les autorités mongoles ont réservé au président russe un accueil chaleureux avec tapis rouge et garde d'honneur et que ce dernier a même pu rencontrer son homologue mongol, Ukhnaa Khürelsükh, lors d'une fastueuse cérémonie sur la vaste place Gengis Khan de la capitale et ce, en dépit du fait que dès qu'elle avait eu vent du déplacement de Poutine en Mongolie, la CPI, se basant sur l'article 59 du Statut de Rome, avait rappelé « l'obligation » de ses membres – et la Mongolie en est un – d'appréhender tout individu, quelque soit son rang, faisant l'objet d'un mandat d'arrêt. Mais, le président Poutine, qui n'est pas né de la dernière pluie et qui a pris toutes les « précautions » requises avant de quitter la Russie, n'est pas sans savoir que, comme l'a rappelé Reed Brody, procureur spécialisé dans les crimes de guerre, « la CPI (qui) ne dispose d'aucune force de police pour faire exécuter ses mandats d'arrêt (...) dépend entièrement de la coopération des Etats-membres, qui peuvent s'y opposer ». Si l'on ajoute à cela le fait qu'au lieu d'être appréhendé ou, au minimum, rappelé à l'ordre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui est lui-même visé par un mandat d'arrêt de la CPI pour des crimes tels que « le fait d'affamer délibérément des civils », « homicide intentionnel », « extermination et/ou meurtre », a été longuement ovationné par le Congrès américain alors que l'armée d'occupation israélienne déversait, sans relâche, depuis dix mois, sur la tête des palestiniens, les centaines de tonnes de bombes qui lui avaient été fournies par Washington, on ne peut que condamner, avec force, ce « deux poids-deux mesures » qui fait tant de mal au monde. Plus récemment encore, la stupéfaction des gens de bonne volonté a été grande de voir qu'après avoir été aveugles, muettes et sourdes aux bombardements des civils de Gaza par Tsahal, bien qu'ils aient fait plus de 40.000 morts en dix mois – soit plus d'une centaine par jour, alors que le nombre des blessés tourne autour de 100.000 – les chancelleries du monde occidental se sont subitement réveillé de leur léthargie pour condamner « l'acte d'agression ignoble » perpétré, ce mardi, par l'armée russe à Poltava en Ukraine qui a fait une cinquantaine de morts. Cet évènement ayant été diffusé, « en boucle », par toutes les chaînes de télévision que compte la planète et les « tables rondes » s'y étant multipliées avec des invités « scandalisés », on ne peut qu'être horrifié de voir qu'à leurs yeux, la vie d'un palestinien n'a aucune valeur face à celle d'un ukrainien et que Poutine mérite d'être pendu haut et court quand Netanyahou est chaleureusement ovationné par le Congrès américain et soutenu, à bout de bras, par tous les pays inféodés à l'Oncle Sam. Jusqu'à quand va durer ce déni ? Attendons pour voir...