Nabil EL BOUSAADI L'année 2024 a débuté sous le grondement des canons dans la péninsule coréenne et c'est le moins que l'on puisse dire quand on apprend que la Corée du Nord a tiré, vendredi, depuis les caps Jangsan et Deungsan, dans le sud-ouest du pays, plus de 190 obus en mer Jaune, contraignant la Corée du Sud à suspendre les liaisons maritimes et à déclencher des alertes à Yeonpyeong et Baengnyeong pour que les habitants de ces deux îles proches du lieu des déflagrations se mettent à l'abri. Les obus lancés par la Corée du Nord étant tombés dans la zone-tampon située au nord de la ligne de limite nord (LLN) qui constitue, de facto, la frontière intercoréenne, et qui, par le passé, avait, très souvent, été le théâtre d'accrochages, les militaires sud-coréens en poste dans les deux îles précitées se sont trouvés dans l'obligation de répliquer par des tirs d'obusiers K9 et de chars K1E1. La Corée du Nord, qui s'est défendue d'avoir délibérément visé les deux îles concerées mais dont les tirs avaient coïncidé avec l'annonce, le même jour, de la visite de son leader, Kim Jong-un, dans une usine de fabrication de lanceurs mobiles de missiles, a affirmé que l'exercice effectué vendredi était « une sorte de contre-mesure naturelle » prise en riposte aux récents tirs d'artilleries dont s'étaient rendus coupables les « gangsters militaires » de la Corée du Sud car les armées de Séoul et de Washington avaient procédé, la veille, à un exercice conjoint de tir réel à proximité de la DMZ, la zone démilitarisée séparant les deux Corées. Mais en déplorant, néanmoins, que durant sa visite à ladite usine, le président nord-coréen ait appelé à une intensification de la production de lance-missiles en préparation d'une « confrontation militaire » avec la Corée du Sud et les Etats-Unis, après qu'au terme de la grand-messe de fin d'année du Parti des travailleurs, au pouvoir, le leader nord-coréen avait ordonné l'accélération des préparatifs militaires en vue d'une « possible » guerre qui pourrait « être déclenchée à tout moment », la Chine, bien qu'étant proche de la Corée du Nord, a plaidé pour que « toutes les parties fassent preuve de calme et de retenue ». Or, bien que le ministre sud-coréen de l'unification, Kim Yung-ho, ait estimé, par ailleurs, que le « bombardement » de ce vendredi n'avait pas d'autre objectif que celui de « détourner » l'attention d'une population « mécontente des problèmes économiques », le porte-parole de la diplomatie américaine, Mattew Miller a tenu à préciser que les Etats-Unis n'ont « aucune intention hostile » à l'égard de la Corée du Nord et appelé, à ce titre, cette dernière à « s'abstenir de toute nouvelle action provocatrice et déstabilisatrice et à revenir à la diplomatie » afin de discuter « des moyens de gérer les risques d'accrochages et d'instaurer une paix durable dans la péninsule ». Sachant que, bien que le dernier accrochage qui avait eu lieu, dans la zone, s'était produit en 2010 lorsqu'en bombardant l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, Pyongyang avait tué quatre personnes, les deux pays sont toujours « techniquement » en guerre dans la mesure où le conflit qui les avait opposés de 1950 à 1953 n'avait pas pris fin après la signature d'un traité de paix mais d'un armistice qui avait suspendu les hostilités, rien ne permet de croire que, 70 ans après les faits, la péninsule coréenne pourrait connaître une paix durable et définitive mais attendons pour voir...