Le Monde s'apprête à quitter dans quelques jours l'année 2023 et célébrer le nouvel an 2024. En pareille occasion, on procède certes à l'échange de vœux, mais aussi à faire le bilan de l'année passée en jetant un coup d'œil sur le rétroviseur pour voir ce qui a été fait et la manière dont il a été fait, relever les insuffisances dans le but de les dépasser à l'avenir et souligner les réalisations pour mieux les valoriser par la suite. Cette démarche est valable au niveau de l'Etat, des entreprises et des individus. L'évaluation et l'autoévaluation sont absolument nécessaires et doivent guider notre action au lieu d'avancer à l'aveuglette et se retrouver dans un gouffre dont on ne pourrait pas sortir. Cette chronique se veut un rappel des principaux événements que le Maroc ait connus au cours de cette année, en procédant nécessairement à la sélectivité. Ainsi, la première chose qui nous vient à l'esprit est le séisme meurtrier et destructeur qui s'est abattu sur la région du Haouz et du Haut-Atlas dans la nuit du 8 au 9 septembre dernier. Ce séisme a causé près de 3000 décès, plus de 6000 blessés, la destruction, totale ou partielle, de milliers de logements et des pertes incommensurables de biens. Face à cette catastrophe, la réaction du Maroc dans toutes ses composantes, avec en avant-garde Son Roi, n'a pas tardé. Dès les premières heures, l'aide aux sinistrés s'est mise en branle pour sauver d'abord les vies humaines et pour parer au plus pressé en apportant secours aux survivants. Le tout dans un élan de solidarité et une mobilisation populaire à toutes épreuves. Notre pays a pu transformer cette crise en opportunité pour mettre en place un plan de reconstruction de ces zones de 120 MM DH et tirer les leçons pour le développement des régions montagnardes qui connaissant un niveau de vulnérabilité élevé et des conditions de vie extrêmement rudes. C'est une frange de notre histoire qu'il convient d'immortaliser dans un récit écrit pour être enseignée aux générations futures afin de raviver en elles la flamme du patriotisme. Toujours au chapitre de la solidarité, il y a lieu de rappeler la mise en place de l'aide sociale directe qui devient effective à partir de cette fin d'année. Cette action qui nécessite des sommes colossales (entre 25 et 29 MM DH) s'inscrit dans le vaste chantier de la généralisation de la protection sociale. Ella a comme finalité de lutter contre la pauvreté sévère et de permettre aux enfants de poursuivre leur scolarité. Bien sûr, il faut tout faire pour assurer à l'avenir l'autonomisation de ces populations en leur garantissant des emplois décents dans des activités créatrices de richesses et protectrices de la dignité humaine. Et c'est justement au niveau de l'emploi que des difficultés persistent et l'année 2023 peut être considérée comme la pire au cours des deux dernières décennies. Le contraste est saisissant entre la croissance économique, estimée à 2,7% en 2023 contre 1,3% en 2022, et l'aggravation du chômage dont le taux passe respectivement de 11,4 % à 13,5% (17 % en milieu urbain)! Le chômage constitue un véritable talon d'Achille des politiques publiques. Car qui dit aggravation de chômage dit plus de pauvreté, de précarité et moins de stabilité sociale. Cependant, l'effort ne doit pas être supporté uniquement pas l'Etat et l'investissement public qui est, de par sa nature, faiblement créateur d'emplois. C'est au privé de faire preuve de plus de patriotisme et d'esprit d'initiative au lieu de se contenter de capter les aides et subventions publiques pour « investir » en fin de compte dans les activités spéculatives et rentières. Sur ce plan, l'année 2023 peut être considérée comme une année blanche en matière de réformes de structure et de lutte contre l'économie de rente et la mauvaise gouvernance. Puissent les affaires en cours de traitement par la justice dans le dossier de ce qui est convenu d'appeler « Escobar du Sahara » constituer le prélude à un plan d'envergure de moralisation de la vie politique et économique pour mettre définitivement un terme au conflit d'intérêt et aux détournements des fonds publics. Notre pays qui ambitionne de devenir une force régionale et prétend en toute légitimité à un siège permanent au Conseil de Sécurité au nom de l'Afrique a tout intérêt à persévérer dans cette voie. Il gagnerait davantage en crédibilité et en réputation. C'est dans cette perspective qu'il convient de lire la rencontre au sommet ente SM le Roi Mohamed VI et le Prince des EAU Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahiane le 4 décembre dernier. La déclaration signée par les deux Chefs d'Etat pour mettre en place « un partenariat novateur, renouvelé et enraciné entre le Royaume du Maroc et l'Etat des Emirats Arabes Unis » est un texte inédit. Ce partenariat qui porte sur une série de projets d'envergure à réaliser dans des délais précis avec des montages financiers ficelés traduit le niveau de maturité des relations entre les deux pays et niveau de confiance entre les deux dirigeants. Il constitue un exemple à suivre par les autres partenaires du Maroc qui souhaitent bâtir ensemble un monde de paix et de prospérité partagée. En rupture avec la vision néocoloniale qui ne fait que perpétuer l'échange inégal. C'est par cette notre optimiste que je vous souhaite chères lectrices et chers lecteurs BONNE ET HEUREUESE ANNEE 2024.