Nabil El Bousaadi La victoire du PVV (Parti pour la Liberté) de Geert Wilders aux législatives néerlandaises de mercredi dernier a mis un terme aux treize années du gouvernement VVD, de Centre-droit, de Mark Rutte. Mais même s'il a doublé son score de 2021 en s'emparant de 37 des 150 sièges du Parlement pendant que le VVD (Parti populaire pour la liberté et la démocratie) a perdu 10 sièges, et que, pour former un nouveau gouvernement, il soit obligé de nouer des alliances, le résultat obtenu par le Parti pour la Liberté de Geert Wilders est un sérieux avertissement adressé aux démocraties européennes qui ont du mal à accepter que les partis de la droite traditionnelle soient supplantés par des formations populistes et ce, d'autant plus que s'ils sont déjà au pouvoir – seuls ou en coalition – en Italie, en Suède, en Hongrie et en Slovaquie, les partis nationaux-conservateurs ou d'extrême-droite occupent les premières places dans les sondages en Allemagne, en Autriche, en République tchèque, en Belgique et même en France. L'autre grand vainqueur de ce scrutin est, sans conteste, le Nouveau Contrat Social (NSC), parti ouvertement anti-immigration, de Pieter Omtzigt, qui, bien qu'étant de création récente, est, tout de même, parvenu à remporter 20 sièges à l'occasion de sa première participation. Au vu de ces résultats, il apparaît clairement que les néerlandais ont voté pour un gouvernement populiste car, avec leurs 81 députés, les trois formations politiques précitées ont largement dépassé la barre des 76 élus nécessaires pour la formation d'une majorité et qu'elles pourraient fort bien s'unir dans le cadre d'une coalition gouvernementale emmenée par le PVV de Geert Wilders qui, même s'il avait adouci sa rhétorique anti-islam à l'approche des élections en accordant la priorité aux questions se rapportant au coût de la vie, a, néanmoins, gardé les grandes lignes de son programme populiste, islamophobe et eurosceptique. Ainsi, dans son rejet absolu de l'Islam, le leader du PVV, entend toujours rappeler que « les Pays-Bas ne sont pas un pays islamique » et, à ce titre, fermer les mosquées et les écoles musulmanes et interdire le port du « foulard islamique » dans les bâtiments gouvernementaux. Soucieux de procéder, également, à un « gel de l'asile », le patron du Parti pour la liberté prévoit de rétablir les contrôles aux frontières des Pays-Bas et de mettre en place des règles de séjour très restrictives qui n'épargneront même pas les ressortissants européens qui auront besoin d'un permis de travail. Le nombre des étudiants étrangers sera, également, réduit. Mais si, par ailleurs, toutes ces dispositions vont à l'encontre des règles européennes en vigueur et que le PVV, qui souhaite des Pays-Bas « souverains », rejette toute forme « d'union politique », c'est donc que la question de leur sortie de l'Union européenne dont ils sont membres fondateurs va être au centre des discussions et que le référendum y afférent pourrait voir le jour incessamment. Au vu de tout cela, « une période très difficile s'annonce pour les musulmans » comme a tenu à le préciser Muhsin Köktas, le président de l'organe de contact entre les musulmans et le gouvernement, qui a confié, en outre, à l'agence néerlandaise ANP, qu'il se « fait du souci pour ce pays » dans la mesure où il «ne sait pas si les musulmans seront encore en sécurité aux Pays-Bas». Même son de cloche du côté d'Amnesty International qui déplore qu' « un parti raciste qui cible et rejette des pans entiers de la population en soutenant qu'ils ont moins de valeur » ait remporté les élections. Si, pour l'heure, tout indique que le prochain gouvernement des Pays-Bas sera dirigé par Geert Wilders et qu'il va emprunter la voie suivie par l'Italie, la Suède, la Hongrie et la Slovaquie, attendons pour voir...