Assemblées annuelles FMI/BM DNES à Marrakech : Khalid Darfaf Ce fut un débat chaud, mais constructif, celui qui a eu lieu, mercredi 11 octobre 2023, entre Mo Ibrahim, président de la Fondation éponyme et le président de la Banque Mondiale (BM), Ajay Banga, autour du soutien financier et les orientations de son instance financière par rapport à sa politique énergétique. Le numéro un de la BM s'est d'abord montré confiant quant à sa mission. « Je ne ressens aucune pression, mais les choses sont plus compliquées », a-t-il déclaré en substance, avant de souligner que parfois « les parties prenantes ne s'orientent pas vers la même direction. » En répondant à une question concernant la stratégie de la BM à l'égard du continent noir en matière d'électrification, le conférencier s'est dit choqué du fait que 600 millions Africains ne sont pas desservis en électricité. « Ce qui entrave tout processus de développement », a-t-il précisé. Dans le même ordre d'idées, Ajay Banga a évoqué la question du gaspillage alimentaire en Afrique à cause du déficit électrique. D'ailleurs, a-t-il expliqué, 40% de la production agricole en Afrique partent en fumée en l'absence de la logistique nécessaire. Pour lui, la mise en place d'une véritable politique d'électrification requiert « le renforcement de l'arsenal juridique et le respect des engagements de chaque partie, sans omettre le rôle primordial du secteur privé, qui est censé s'inscrire dans la dynamique de la construction ». Energies fossiles : un financement limité S'agissant des engagements de la BM par rapport aux financements des énergies fossiles, Banga a été on ne peut plus clair, en annonçant que son institution financière va se contenter d'un financement très limité dans les énergies fossiles, tout en mettant en garde contre les donneurs de leçons. Argument à l'appui, le patron de la banque mondiale a fait référence au Kenya dont 93% de l'électricité proviennent de l'énergie renouvelable et ce grâce au soutien financier de la BM, en notant dans ce sens que son instance a mobilisé une enveloppe budgétaire s'élevant à 50 milliards de dollars pour promouvoir la transition énergique. Cependant, force est de constater que les capacités financières de sa banque sont très limitées, a-t-il reconnu tout en insistant sur l'importance de l'amélioration des politiques organisationnelles. Ajay Banga a aussi mis l'accent sur le fait que la BM est dans l'obligation d'augmenter son capital afin de faire face aux défis qui guettent l'humanité, notamment, le changement climatique, la pandémie, la santé et la pauvreté. Pour ce faire, il espérait augmenter la capacité de prêt de l'institution financière internationale à 150 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. Un montant important, « mais demeure insuffisant pour face à ces défis », a-t-il poursuivi. Il est à rappeler que selon les chiffres du FMI, « il faudrait la mobilisation d'au moins 400 milliards de dollars par an d'ici à 2030 pour atteindre l'objectif zéro carbone net en 2050 » Au final, le chef de la BM en interagissant avec une question concernant l'injustice voire la partialité des agences de notation, a invité les décideurs africains à mettre en place une stratégie de communication afin de changer cette réalité.