Dédollarisation, Céréales gratuites, projets énergétiques Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, est arrivé, jeudi à Saint-Pétersbourg, pour représenter Sa Majesté le Roi Mohammed VI au deuxième Sommet Russie-Afrique. Les travaux de ce 2ème Sommet et forum économique et humanitaire Russie-Afrique se sont ouverts, jeudi en présence de plusieurs chefs d'Etat, chefs de gouvernement et représentants de 49 pays africains. Le programme officiel de cet événement, qui s'est tenu les 27 et 28 juillet, prévoyait « plus de 50 conférences plénières et rencontres thématiques autour de la question la souveraineté alimentaire et énergétique, du commerce mondial, de la régulation de l'information et de l'éducation. Outre le Chef de gouvernement, la délégation est composée du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine, Nasser Bourita, et l'Ambassadeur du Maroc en Russie, Lotfi Bouchaara. Donnant jeudi le coup d'envoi de ce 2ème sommet Russie-Afrique, le président russe, Vladimir Poutine, a tenu, dans un discours fort et sans compromis contre « l'occident impérialiste » et les injustices de l'actuel système économique, financier et commercial mondial, à rassurer ses « partenaires africains » quant aux engagements de la Russie en matière d'approvisionnement du continent en céréales, au lendemain de l'expiration de l'accord céréalier. A cet égard, le Chef du Kremlin a expliqué à ses invités africains les raisons du retrait de la Russie de l'accord céréalier. « En fait, il ne s'est rien passé de ce dont nous avons discuté et de ce qui nous a été promis. Aucune des conditions de l'accord concernant le retrait des sanctions sur les exportations russes de céréales et d'engrais vers les marchés mondiaux n'a été remplie. Eh bien, quelqu'un ne veut pas que la Russie, comme certains le disent, s'enrichisse, envoie de l'argent à des fins militaires. Mais c'est un transfert gratuit [d'engrais]. Non, ils ne le font pas, malgré tous les discours creux sur la volonté d'aider les pays les plus pauvres. Compte tenu des faits mentionnés, nous avons refusé de prolonger davantage cet accord. » La Russie met tout en œuvre pour éviter une crise alimentaire, a-t-il déclaré tout en soulignant que son pays continuerait de soutenir les régions et les pays dans le besoin. Au cours de l'année où l'accord a duré, 32,8 millions de tonnes de marchandises ont été exportées depuis l'Ukraine, mais plus de 70% sont allées vers des pays à revenu élevé, principalement l'UE, a déclaré Poutine. « La Russie a exporté 11,5 millions de tonnes de céréales vers l'Afrique en 2022, et rien qu'au cours des six premiers mois de cette année, près de 10 millions de tonnes ont déjà été acheminés vers les pays africains, ceci malgré les sanctions illégales imposées à nos exportations, qui entravent sérieusement l'approvisionnement en nourriture russe, compliquent le transport, la logistique, les assurances et les paiements bancaires », a tenu à préciser le chef d'Etat russe. Pour une Afrique unie et libre En leader altermondialiste, le président Poutine a axé son intervention sur la nécessité pour l'Afrique de s'affranchir de l'hégémonie de l'occident en prenant conscience de l'importance de son propre potentiel de développement. « Le potentiel de l'Afrique est évident pour tout le monde. Par exemple, le taux de croissance annuel moyen du PIB du continent au cours des 20 dernières années, 4% et 4,5% par an, dépasse ceux mondiaux. La population [africaine] approche 1,5 milliard de personnes, une croissance plus rapide que partout ailleurs dans le monde. Le fait est que la croissance de la classe moyenne, qui constitue la principale demande en biens et services modernes, dépasse des indicateurs similaires dans la plupart des régions du monde », a martelé le chef du Kremlin. Une feuille de route pour l'Afrique La feuille de route de Moscou propose d'un côté l'établissement d'une coopération entre l'Union économique eurasiatique et l'Union africaine et surtout le déclenchement d'un processus de « dédollarisation » du commerce mondial. A cet égard, la Russie souhaite renforcer des liens multiformes avec tous les groupements et structures d'intégration économique régionale opérant sur le continent. Par exemple, a indiqué le président russe, « nous sommes favorables à l'établissement d'une coopération entre l'Union économique eurasiatique en tant que grand projet d'intégration, auquel la Russie participe, et la Zone de libre-échange continentale africaine formée dans le cadre de l'Union africaine ». Pour y arriver, l'homme fort de la Russie propose un passage en force aux monnaies nationales dans les règlements financiers avec les pays africains, y compris le rouble. Il a estimé à cet égard que les pays africains et la Russie sont capables d'augmenter radicalement leurs échanges commerciaux. A la fin de son intervention, Vladimir Poutine a salué les participants au Sommet et les a remerciés d'être venus: « Vous vous retrouvez parmi les partisans des mêmes idées ».