Nabil El Bousaadi Comme il fallait s'y attendre, en annonçant, ce jeudi 1er Juin, la désignation de Cristiano Zanin pour devenir juge à la Cour Suprême, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a fait grincer les dents de ses opposants car, pour eux, par cette nomination il ne fait que renvoyer l'ascenseur à celui qui avait acquis une grande notoriété en défendant Lula lorsqu'il avait été incarcéré pour « corruption » dans le procès lié au fameux scandale « Lava-jato » (lavage express). Cette nomination restant, toutefois, subordonnée à l'aval du Sénat au sein duquel siège Sergio Moro – celui-là même qui fut à l'origine de la condamnation et de l'emprisonnement de Lula et qui avait été récompensé par Bolsonaro en se voyant attribuer le portefeuille du ministère de la Justice, ce dernier a pris la balle au bond en affirmant que la désignation d'un ami personnel du chef de l'Etat porte atteinte à l'esprit républicain et ce, d'autant plus que lors d'un débat diffusé par la chaîne « Bandeirantes », Lula avait déclaré que le fait de nommer « des amis à la Haute Cour » est contraire aux lois de la république et que « les membres de la Cour suprême doivent être choisis pour leur compétence et pour leur CV et non par amitié ». Mais, bien que les opposants de l'actuel chef de l'Etat aient vu, dans cette désignation, un choix éminemment politique, le président Lula ne s'est pas empêché de reconnaître, lors d'une conférence de presse donnée le jour-même à Brasilia, que « tout le monde s'attendait » à une telle décision en faveur de Cristiano Zanin « non seulement pour le rôle qu'il a joué » dans sa défense lorsqu'il était parvenu à trouver, dans l'arsenal juridique brésilien, la faille qui lui avait permis d'obtenir l'annulation de sa condamnation mais aussi parce qu'il a de très fortes chances de devenir « un grand juge de la Cour suprême ». Lula a tenu à préciser, par ailleurs, que la désignation de Cristiano Zanin n'est pas motivée par le « rôle qu'il a joué » dans sa défense mais qu'elle a pour principale raison d'être sa « formation » et ses « qualités d'avocat » et de « chef de famille » à telle enseigne que « le Brésil sera fier d'avoir Zanin comme membre de la Cour Suprême ». Mais si Rodrigo Flavio, le président du Sénat a estimé que la confirmation de Cristiano Zanin ne devrait poser aucun problème du moment que, d'une part, il s'agit de la première nomination d'un membre de la Cour Suprême qui a été effectuée par le président Lula depuis le début de son troisième mandat, en Janvier dernier, et que, d'autre part, un des 11 sièges de la Cour Suprême est vacant depuis le départ à la retraite, en Avril dernier, de l'ancien juge Ricardo Lewandowski atteint par la limite d'âge de 75 ans, le sénateur Flavio Bolsonaro qui n'est autre que le fils de l'ancien président s'est indigné face à une telle manœuvre et l'a vivement condamnée. Bien que sur le plan politique, ils soient très éloignés l'un de l'autre, Lula et Jair Bolsonaro semblent être en train de se renvoyer la balle mais attendons pour voir...