Le spécialiste en santé publique et administrateur sanitaire à El Jadida, et ancien directeur du Centre hospitalier provincial d'El Jadida, Dr. Mohamed Riad a souligné, dans un entretien à la MAP, que le ramadan est non seulement une occasion pour se rapprocher de Dieu et mériter son pardon, mais également un moyen d'acquérir une bonne santé. Les vertus du jeûne à l'occasion du mois sacré de Ramadan sont nombreuses, pouvez-vous nous expliquer davantage ? Et est-ce que le jeûne est recommandé à tous ? En effet, le jeûne permet à l'organisme de se reposer pour se purifier. Le corps humain est alors nettoyé des vielles cellules, des graisses, des déchets et des toxines qu'il a accumulés durant l'année par son alimentation et activité. Les bienfaits du jeûne ont été prouvés par plusieurs études physiologiques. Entre autre, il permet aux jeûneurs de lutter contre les pathologies métaboliques (excès de cholestérol, triglycérides, diabète gras…), d'améliorer leurs forme physique et intellectuelle. Le jeûne rajeunit également la peau, fortifie les dents, renforce la chevelure, apaise les sens, accroit la concentration, et reste accessible à tout le monde (sauf dans quelques cas pathologiques), car le corps humain dispose des réserves nécessaires pour tenir sans problèmes pendant plusieurs heures, à plus fortes raison quand on sait que le foie peut fournir de grandes quantités de glycogène, excellent combustible interne, le sang et la lymphe véhiculent de nombreuses substances nutritives, la moelle osseuse renferme des substances nutritives, etc… Quels sont vos conseils pour une alimentation saine et bien équilibrée pendant le Ramadan ? Pour certains jeûneurs, le ramadan est un mois de consommation par excellence. Les habitudes alimentaires changent complètement. On constate alors une surconsommation de préparations sucrées et grasses, une sous-consommation de légumes, fruits et fibres alimentaires. Cependant, notre alimentation pendant le mois sacré ne devrait pas différer de notre alimentation habituelle, et devrait être aussi simple que possible. Il faut continuer à prendre ses trois repas, avec quelques spécificités liées au jeûne. Pour le Ftour, il est recommandé de ne pas retarder le moment de l'iftar, et de rompre le jeûne par un aliment sucré (sucre d'assimilation rapide) de préférence les dattes avec de l'eau ou du lait, patienter quelques minutes afin de régulariser la glycémie et de préparer l'estomac à digérer le reste de l'alimentation (soupe et boissons chaudes « café, thé, infusions.. »). Ce repas ne doit pas être surchargé. Il doit juste apaiser les sensations de soif et de faim. Pour ce qui est du diner, pris généralement 2 ou 3 heures après la rupture du jeûne, et contrairement à ce qui est pratiqué la plupart du temps (couscous, tajines, frites, etc.), il est préférable de débuter par une salade ou un bouillon de légumes, et manger ensuite un plat de poisson ou de viande blanche avec des légumes. Et enfin, nous avons le Shour, qui est le dernier repas avant le jeûne et surtout le plus important. Souvent, les Marocains profitent du mois de ramadan pour essayer d'adopter des habitudes plus saines comme la pratique du sport. Quels sont vos conseils ? Sachant bien que l'activité sportive n'est pas assez compatible avec le jeûne, et lorsqu'on y ajoute un climat de forte chaleur, les conséquences peuvent être dangereuses, la chaleur ne fait qu'amplifier la transpiration et la fatigue de l'organisme, les risques de déshydratation et d'évanouissement déjà existants en temps normal, peuvent s'amplifier. Selon les spécialistes, les jeûneurs qui souhaitent pratiquer du sport doivent rester prudents et à l'écoute de leurs corps. Ils doivent modérer l'activité physique surtout avant la rupture du jeûne. Il est recommandé de privilégier la marche pendant 30 à 60 min et de s'arrêter rapidement en cas de sensation de malaise. Quelques conseils aux personnes diabétiques ? Cette catégorie de personnes doit renforcer son autosurveillance glycémique. C'est indispensable pour suivre le ramadan, en effectuant au moins une glycémie capillaire avant chaque repas et deux pendant le jeûne. Si la glycémie est inférieure à 0,70 g/l, elles doivent impérativement rompre le jeûne et se resucrer immédiatement (sachant que le seuil de ressenti du malaise hypoglycémique est souvent bien inférieur). Si, habituellement, elles ressentent peu leurs crises d'hypoglycémies, elles doivent d'autant plus surveiller leur glycémie. Les personnes diabétiques se doivent aussi de limiter leurs activité physique et sportive durant la période de jeûne (particulièrement en cas de forte chaleur). Elles doivent équilibrer leur alimentation sur 2 ou 3 repas pendant la rupture du jeûne. Par exemple, évitez une grosse collation à 19h et un repas à 23h parce que l'apport est rapidement très calorique et augmente considérablement leur glycémie. De nombreuses personnes souffrent de troubles de sommeil. Comment peut-on palier le jeûne et un sommeil normal ? Le jeûne n'est absolument pas incriminé dans les troubles du sommeil. C'est un problème comportemental qui est à l'origine de toutes ces anomalies. Dans la mesure du possible, tenter de se coucher de 23h30 à 3h, puis de 4h à 7h ou 8h, car dormir tôt est plus réparateur que le sommeil en milieu de nuit. Pour ce faire, il ne faut pas prévoir de repas lourds. Les plats consommés durant le Ramadan sont généralement très copieux, ce qui rend la digestion de plus en plus lente et perturbe la qualité de notre sommeil. Il ne faut pas prévoir d'activités sportives avant le coucher, être actif physiquement dans la journée (marcher, monter les escaliers,...), et prévoir une sieste d'une demi-heure, lorsque les horaires de travail le permettent.