Le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Chakib Alj, a indiqué, mercredi à Rabat, que l'effort d'investissement doit aller dans le sens de la redynamisation de l'investissement privé et l'orientation des projets vers des secteurs productifs et créateurs d'emplois et de valeur ajoutée sur l'ensemble des régions du Maroc. Intervenant à l'ouverture d'un symposium organisé par le Conseil du Développement et de la Solidarité (CDS) sur le thème « l'investissement et le rôle de l'Etat territorial », M. Alj a fait savoir que le Maroc affiche certes, depuis plus de 10 ans, l'un des taux d'investissement les plus élevés au monde, se situant à environ 30% du produit intérieur brut (PIB) et dépassant la moyenne mondiale qui est de 20%. Toutefois, il a estimé que le rendement de cet investissement reste modeste, avec 144.000 emplois créés durant la période 1999-2009, contre 72.000 emplois créés de 2010 à 2019, appelant dans ce sens à valoriser davantage les régions, d'un point de vue économique, et d'en faire de vrais catalyseurs de croissance pour le pays. Pour atteindre cette ambition, le président de la CGEM a souligné que les partenariats publics-privés représentent, aujourd'hui, un outil de financement incontournable et innovant et une solution pour limiter le recours à l'endettement mais aussi, pour que les collectivités territoriales puissent compter sur l'expertise des opérateurs privés. De même, il a relevé que le projet Royal de la Charte d'Investissement, en cours d'opérationnalisation, apportera sans aucun doute une forte impulsion à l'entrepreneuriat pour atteindre 65% d'investissement privé à horizon 2035, notant qu'en marge de ces initiatives louables et encourageantes pour les chefs d'entreprise, l'accent doit être mis sur l'amélioration de l'environnement des affaires, autour de 4 axes. Il s'agit, selon M. Alj de l'accès au financement à travers la mise en place de mécanismes d'accompagnement intégrés pour les TPME, tout en dotant le Maroc d'un Small Business Act, la réduction du coût des facteurs de production à travers, notamment la libéralisation maîtrisée du secteur électrique et en donnant l'accès à la moyenne tension. Le troisième axe, poursuit-il, est celui de la simplification des procédures, et la facilitation de l'accès aux marchés publics, qui restent des chantiers stratégiques, notamment pour les entreprises jeunes et petites, en plus d'un travail de fond qui reste à conduire en faveur du développement du capital humain, avec une véritable transformation du système de la formation continue. De son côté, le Président du CDS, Mohamed Benamour, a indiqué que le CDS constitue un endroit privilégié d'échanges entre les décideurs, le monde académique et la société civile, ajoutant que depuis plus d'une décennie ce think thank indépendant contribue au débat sur des questions stratégiques aux plans économique et sociétal du Royaume, tout en œuvrant pour plus d'ouverture vers l'international. Il a également souligné que l'environnement international est marqué par des changements profonds, induits par la guerre en Ukraine, les crises économiques, énergétiques et climatiques, avec le retentissement important sur l'ordre économique mondial. Face à ces crises et mutations, a-t-il dit, le Royaume a apporté des réponses rapides pour atténuer l'impact immédiat et même plus de réformes pour réduire les inégalités sociales et rehausser le potentiel de la croissance économique, citant dans ce cadre le chantier de généralisation de la protection sociale, la réforme du secteur public, la création du Fonds Mohammed VI de l'investissement, les politiques de transition énergétique et du développement durable, les réformes des législations relatives à la concurrence, à la lutte contre la corruption ainsi que la souveraineté économique, sanitaire, alimentaire et énergétique. Dans ce contexte, il a affirmé que le gouvernement et les entreprises doivent tous se mobiliser pour œuvrer au maintien et au renforcement de la résilience et la compétitivité de notre économie, avec l'ambition d'orienter l'investissement futur vers les secteurs productifs, créateurs d'emplois et de croissance, pour plus d'efficience et de performance. « Il faut investir plus mais surtout investir mieux », a-t-il noté, dans le but d'aller vers un Etat qui continue à structurer son rôle central, tout en étant un facilitateur, organisateur créant de bonnes conditions et de bonnes incitations pour l'investissement. Le CDS constitue une force de proposition visant à éclairer l'opinion publique, à travers des colloques et des symposiums, en ouvrant des pistes de réflexion pour des idées novatrices pouvant contribuer à la dynamique du développement du Maroc. Les travaux de cette conférence s'articulent autour de deux panels portant sur 'le rôle du secteur privé dans la stratégie d'investissement » et « un Etat territorial pour une croissance inclusive ».