Par Idriss TEKKI – MAP Dépourvu de majorité absolue à l'Assemblée nationale, le gouvernement français a été contraint de faire recours par quatre fois à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter des textes sans passer par le vote des députés. Une situation insoutenable sur la durée, qui pourrait conduire à une dissolution de la deuxième chambre et convoquer de nouvelles élections législatives. la Première ministre, Elisabeth Borne, avait activé, mercredi dernier, cet article pour engager la responsabilité de son gouvernement sur l'ensemble du projet de loi de finances (PLF) en première lecture, après l'avoir déjà utilisé sur la première partie du PLF, puis sur la quatrième partie et sur la totalité du projet de LF rectificatives. Dans une telle situation, nombre d'observateurs s'accordent à dire qu'il serait très difficile pour l'Exécutif, qui a perdu sa majorité absolue lors des législatives de juin dernier, alors que le pays est confronté, à l'instar de ses voisins européens, à de nombreux défis liés à l'inflation et à la crise énergétique, et à un moment où les Français s'attendent à de nouvelles mesures de soutien pour préserver leur pouvoir d'achat. Toutefois, le gouvernement estime que la situation actuelle n'appelle à aucune dissolution de l'Assemblée nationale, qui n'a lieu qu'en cas de ''blocage complet du Parlement''. « Pour l'instant, nous n'avons aucun des stigmates de ce blocage », a souligné dimanche le porte-parole de l'Exécutif, Olivier Véran, ajoutant que les Français ''ne souhaitent pas'' une dissolution de l'Assemblée nationale. « Je pense que les Français nous ont accordé une majorité relative pour nous pousser à avoir des démarches d'accords transpartisans, à être capable de sortir un peu des postures », a déclaré Olivier Véran sur le plateau de l'émission ''Dimanche en politique'' sur France 3, alors que le chef de l'Etat Emmanuel Macron, lui-même, avait brandi une telle menace en septembre dernier, si les oppositions s'alliaient dans une motion de censure pour renverser le gouvernement. Alors qu'Olivier Véran affirmait qu'une dissolution de l'Assemblée nationale n'était pas envisagée dans l'immédiat, le Journal du Dimanche affirmait que le parti présidentiel "Renaissance" a bouclé ses préparatifs afin d'être prêt face à une telle situation. La publication fait savoir que le sujet a bel et bien été abordé la semaine dernière au bureau exécutif du parti présidentiel, avec un planning déjà établi dès qu'Emmanuel Macron se décidera. Pour les proches du chef de l'Etat, la question n'est donc plus de savoir si une dissolution de l'Assemblée va se faire, mais quand, souligne la presse hexagonale, ajoutant que dans le cas d'une dissolution, l'exécutif chercherait à récupérer sa majorité absolue, en misant sur le fait que les candidats Renaissance qui s'étaient inclinés de peu face à l'alliance de gauche "Nupes" (75 députés) soient cette fois choisis. Et même si Olivier Véran semble repousser cette éventualité, les oppositions affirment prendre au sérieux la menace d'Emmanuel Macron et se préparent à un retour aux urnes. « On est prêts. Non seulement on a les idées, le projet, les candidatures, mais nous avons même stocké du papier » pour imprimer tracts, professions de foi ou bulletins de vote, a déclaré, sur Radio J, Clémentine Autain, députée de la France insoumise. « Cela ne nous fait pas peur (…). Nous sommes prêts, parce que nous sommes un parti de militants avec des hommes et des femmes qui veulent conquérir le pouvoir pour mener une autre politique », a indiqué, de son côté, sur BFMTV, Sébastien Chenu, député du parti d'extrême droite le Rassemblement national (89 députés). Pour éviter un tel scénario, l'Exécutif compte sur le soutien des députés de la droite républicaine ainsi que sur les voix socialistes pour pouvoir valider ses projets, à leur tête le projet de la très controversée réforme des retraites, ou encore le projet de loi sur l'immigration.